Nous l'avons reproduit intégralement avec sa
belle préface à Maximilien II.
Nous avons seulement omis l'avertissement de la
première édition au typographe Guillaume Silvius,
dans lequel Jean Dee recommande à celui-ci
d'apporter un soin exquis à la composition de son
livre et principalement à la reproduction des figures
qui l'illustrent, puis de n'en point délivrer d' exemplaires
aux gens du vulgaire (promiscuo hominum
generi), qui pouvaienten faire mauvais usage.
Ces pages eussent été superflues aujourd'hui.
Outre que Silvius a très imparfaitement obéi à
la première de ces monitions, puisque toutes les
éditions de la Monade sont déshonorées par des
figures ignobles, inexactes, que pour la première
fois nous avons reconstituées scrupuleusement suivant
la pensée même de l'auteur, et conformément
au texte, la seconde est d'une observation trop difficile
pour pouvoir conserver quelque autorité; ces
lignes étaient donc sans inté'rêt.
La présente traduction est la première qui existe
en langue vulgaire. Nous avons vainement cherché
au British Museum la trace d'une prétendue traduction
anglaise signalée par l' Encyclopédie Britannique.
Dans les numértos 8, 9 et 12 de l'Initiation
de 1893 a été publiée une sorte de paraphrase
de la Monade Hiéroglyphique, signée Philophotes,
et qui ne mérite pas le nom de traduction.
PRÉFACE
A L'EXCELLENTISSIME MAJESTÉ
DU GLORIEUX ROI MAXIMILIEN
JEAN DEE DE LONDRES
SOUHAITE LE PLUS HEUREUX EMPIRE
|
NOTES:
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Les deux causes qui peuvent animer un homme de
ma condition à offrir à un si grand Roi un don si minime
sont celles qui m'ont porté à composer ceci; savoir:
ma très grande affection pour Votre Majesté et l'insigne
rareté ainsi que l'excellence non méprisable du don lui-même,
quoique fort petit.
C'est une affection éternelle pour vous qu'ont excitée
et produite vos admirables vertus qui sont si grandes,
que ceux qui ne les ont pas constatées de leurs propres
yeux ne croient que médiocrement ceux qui en rapportent
des choses extraordinaires, quoique très vraies. Mais
ceux qui ont contemplé soigneusement et attentivement
ces mêmes vertus avoueront qu'ils se trouvent, pour les
décrire, en proie à une très grande indigence et pauvreté
d'expressions et de mots, de telle sorte qu'ils désirent
s'étendre le plus possible en longs discours sur leur excellence.
Moi-même, au mois de septembre dernier, ayant
passe quelque temps à Presbourg, ville de votre Royaume
de Hongrie, j'ai reconnu, en témoin oculaire les causes
très excellentes et diversement variées de cette difficulté
d'exprimer ces vertus.
Quant à la rareté du don (vraiment minuscule par sa
taille) j' en parlerai aussi brièvement que possible en
disant que le cours de la vie humaine se présente à moi,
entre autres opinions, comme devant être, avec raison,
considéré, de tout l'effort de mon esprit investigateur,
comme partagé en deux parties (dans l'une desquelles
presque tous marchent préférablement). En effet, à peine
la courte période de la première enfance (infantia) et
celle de la seconde (pueritia) sont-elles passées, que l'option
commence déjà à torturer l'âme des adolescents pour
décider dans quel genre de vie ils entreront ensuite; ils
hésitent un peu devant la bifurcation quz se présente à
leur jugement incertain; puis ils se décident enfin, soit
(séduits par l'amour de la vérité et de la vertu) à suivre
la voie philosophique, à laquelle ils s'appliquent de toutes
leurs forces pendant tout le reste de leur vie, soit (enlacées
par les charmes mondais ou enflammés par la cupidité
des richesses), à embrasser la vie délicate ou avidement
lucrative, dans laquelle its s'efforcent ardemment de
travailler par tous les moyens possibles. Et de ceux-ci
tu en trouveras certainement un millier, et avec la plus
grande facilité, tandis que des premiers (c'est-à-dire de
ceuz qui sincèrement s'adonnent de tout cœur à la philosophie),
tu pourras à grand'peine m'en montrer un
seul, qui aura dégusté seulement les premiers et véritables
fondements de la physique. Et sur un millier de ceux qui
se sont adonnés tout entiers à l'étude de la sapience, il
en est à peine un qui aura profondément et pleinement
perscruté les causes du lever, de la course et du coucher
des forces, des actions et des corps célestes, et qui même en
pourra exposer les principes élémentaires.
Quel est-il donc, alors, celui qui, toutes ces difficultés
surmontées, aura aspiré â la spéculation et à la
compréhension des vertus supercélestes et des influences
métaphysiques? Où est-il, dans tout l'orbe des terres
(en ces temps déplorables qui sont les nôtres) ce Magnanime,
et cet unique HÉROS? Puisque selon la progression
de notre proportion millénaire (que nous avons adoptée
non sans motif}, c'est PARMI CENT MYRIADES DE SINCÈRES
PHILOSOPHES ET PARMI CENT MILLE MYRIADES D'HOMMES VULGAIRES QUE NOUS DEVONS ATTENDRE
CET UNIQUE ET TRÈS HEUREUX ENFANT!
Représentons donc à manière pythagorique (comme
on l'appelle) le Type HIÉROGLYPHIQUE de cette RARETÉ
que nous venons d'exposer. Par ce moyen, les plus grands
mystères qu'il faut y considérer vont s'offrir d'eux-mêmes
à Votre Excellence qui les contemplera plus attentivement,
tels qu'ils ont été décrits suivant cette formule,
dans nos Théories cosmopolites.
ARBRE DE RARETÉ
Et maintenant, dans quel grade de cette triple rareté
(philosophique), ci-dessus exposée (Clémentissime ROI),
désirerais-je que soit et se place ce don que je fais? Toi-même
qui excelles surabondamment dans la cognition
des arts les plus grands et des choses les plus secrètes, tu
pourras le deviner aisément. Je ne pense pas que je puisse
arrogamment le placer au rang de la première et de la
plus profonde philosophie. Cependant, quoique d'un ordre
inférieur, on peut remarquer qu'il veut parfois s'élever
beaucoup plus haut; et précisément à cause de ce degré
d'excellence, j'ose promettre à votre Celsitude qu'on peut
espérer de ce mien don des fruits abondants; et à cause
également de la rareté qui le caractérise, puisqu'il est
composé, jusqu'à la dernière phrase, dans ce mode d'écrire
suivant lequel je n'ai pu reconnaître, ni par l'audition,
ni par la compréhension, des monuments anciens, qu'aucun
ouvrage absolu ait été fait jusqu'à ce jour.
Bien que je l'appelle Hiéroglyphique, celui qui l'aura
examiné plus attentivement avouera qu'il contient cependant
une lumière et une force en quelque sorte mathématique;
ce que l'on sait avoir été assez rarement fait en ces
choses si rares. Et n'est-ce pas rare, je le demande, que
les caractèes astronomiques vulgaires des Planètes
(tirés des documents perdus au inexplicables, ou tout
au moins presque barbares) puissent être produits à la
vie immortelle et leurs forces particulières êre expliquées
très éloquemment en toute langue et à toute nation? A
quoi vient s'ajouter, ce qui est très rare également, que
les corps externes de celles-ci (par les meilleurs arguments
Hiéroglyphiques) sont rappelés ou restitués a leurs Symétries
mystiques telles qu'elles existèent autrefois dans
les premiers siècles, ou telles qu'elles durent être choisies
par nos ancêtres. Dans les figures des Dodécatémories de
l'Ecliptique, que nous avons tenté de reconstituer, la
chose est si rare qu'elle paraît entièrement nouvelle. Et
que tout ceci soit contenu dans cet unique caractère Hiéroglyphique
de Mercure (muni d'une certaine figure
pointue), voilà qui est tout à fait rarissime. Donc vraiment,
notre livre peut être nommé par nous le restituteur
et l'instaurateur de toute l'Astronomie; et, en ce genre,
l'envoyé de notre
äåäé
de telle sorte que nous avons
établi à nouveau, ou restauré par nos avertissements,
l'Art sacré de cette notation, totalement oublié et disparu
complètement de la mémoire des hommes. Et ceci a été
fait par nous de telle sorte qu'avec la plus grande placidité,
et comme le plus naturellement du monde, toutes ces
interprétations Hiéroglyphiques se placent d'elles-mêmes
en leur lieu véritable sans qu'on puisse rien trouver en
tout cet opuscule qui soit outré ou impropre. Et de
même, tous seront forcés d'avouer qu'il est tout à fait
rare d'avoir, par notre Sceau Londonien {Londinensis)
d'Hermès, consignté ces choses (à la mémoire éternelle
des hommes) et de telle sorte que pour signifier ces choses
(dont nous avons parlé) il ne se trouve en ce sceau ni
un point superflu ni un point défectueux! Et entre
autres ceux qui, dans les plus profondes disquisitions
de la philosophie et de la sapience, pourront déclarer
publiquement son nom.
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Ainsi les grammairiens en rendront témoignage, puis-qu'ils
se verront avertis que l'on donnera ici les raisons
des formes de lettres, de leur place, de leur situation dans
l'ordre de l'Alphabet, de leurs différents liens, de leur
valeur numérale et de plusieurs autres choses (qui doivent
être consideérées dans l'Alphabet primaire des trois
langues). Comme d'ailleurs, aussi rare est le grammairien
qui puisse exactement soutenir que la grammaire,
qu'il faut apprendre d'un homme, soit une science unique,
que ce1ui que nous avons démontré être rarissime sur la
terre et que nous avons défendu autrefois apologétiquement (1).
Mais plus de mystères sont manifestés ici par
moi et qui ont de très solides fondements (tant de cet art
de la Grammaire que de ces mystères qui sont dévoilés
à l'aide de celle-ci} jetés dans les Sacro-saintes Ecritures
de DIEU omnipotent, que je n'en pourrais exposer en un
grand livre, ni qu'on n'en saurait exiger ici en un espace
si restreint. Et ne sois pas étonné, ô illustre Roi des Romains,
de m'entendre en ce moment, et incidemment
rapporter que cette littérature alphabétique contient de
grands mystères, puisque Lui-Même (l'Ipséité), qui est
le seul Auteur de tous les mystères, s'est comparé lui-même
à la première et à la dernière lettre
(A et W} (Ce
qui ne do it pas s'entendre simplement dans la seule
langue grecque, mais qui peut encore être démontré de
plusieurs manières au moyen de cet art, soit dans la
langue hébraique, soit dans la langue latine). O combien
donc doivent être grands, les mystères des lettres intermédiaires!
(2) Et il n'est pas extraordinaire que ceci
existe dans es lettres, puisque toutes choses visibles et
invisibles, manifestées ou occultissimes (naturellement
ou artificiellement) et émanant de Dieu lui-même, ont
été examinées par nous en une très soigneuse recherche,
en vue de célébrer et de proclamer sa Bonté, sa Sapience
et sa Puissance. C'est pourquoi saint Paul (Ep. aux
Romains, ch. I, v. 20} enseignait que le genre humain
était inexcusable, même s'il n'eût eu aucun autre monument
écrit, témoignant de tous ces mystères, que celui qui,
par la création, a été tracé par le doigt même de DIEU
en toutes les créatures.
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{1) On lit en marge: En l'an 1557, dans le miroir de l'Unité,
ou Apologie pour Roger Bacon, Anglais.
(2) Mystères insignes, en effet, sur lesquels nous nous efforcerons
de jeter quelque précision, dans notre Introduction à
l'étude de la Kabbale: "Tout ce qui est écrit dans la loi de
Dieu, dit Guillaume Postel dans son commentaire sur le Sepher Ietzirah,
[Sepher Yetzirah]
est compris entre Alef et Tau, de telle sorte que, de
même que la Sapience créée est le principe, est la fin, de même
le Verbe est le principe et la fin". Ces paroles jettent une
lumière admirable sur la nature occulte du Verbe incarné. C'est
avec raison qu'il est dit dans l'Apocalypse (I, 8; XXI, 6; XXII, 13):
Ego sum Alpha et Omega. Ces mots signifient non seulement:
Je suis le principe et la fin; mais encore: Je suis le
Verbe, la Parole par excellence, puisque
A et W limitent la
totalité des lettres au moyen desquelles se forment la totalité des
paroles posslbles. Nulle appellation ne convenalt mieux à Celui
qui est le Verbe. C'est pour cette raison qu'un vieux livre
occulle, le Testamentum duodecim Patriarcharum (apud Margarinum
de la Bigne, Bibl. patrum, in-fo 1610), appelle le
Christ, le prêtre nouveau, Sacerdos novum auquel toutes les
paroles de Dieu seront révélées (Cap. III, texte Levi.) On peut
consulter avec fruit sur ce sujet le commentaire de Rabbi Abraham
sur le Sepher Ietzirah (édit. Rittangelius, 1642), qui
contient une intéressante étude sur l'emploi des mots OS
äåäé
et Verbum äåäé
dans la Thorah etles Prophètes (G. de G.)
|
Mais je n'ai pas maintenant la
prétention d'exiger de tous les grammairiens qu'ils reconnaissent
ceci; mais de prendre à témoin ceux qui
travaillent à creuser les secrets mystères des choses, que
nous avons présenté (par notre Monade) un rare exemple
en ce genre, et de les avertir amicalement que les premières
lettres Mystiques des Hébreux, des Grecs et des
Romains, formées par Dieu seul, et transmises aux mortels
(quelque chose que puisse objecter l'arrogance humaine),
ainsi que tous les signes qui les représentent
ont été produits par des points, des lignes droites et des
périphéries de cercles (disposées par un art merveilleux
et sapientissime.) Et bien que l'Eternelle Sapience de
notre Père Céleste nous apprenne que toute parole de la
loi Mosaïque doit être considérée jusqu'à l'accomplissement
d'un Iota et d'un point (S. Matth. cap. V, v. 18),
l'ultime analyse de la considération légale étant faite en
quelque sorte toute entière dans le IOD et le Hhireck (desquels
surgissent toutes les lettres et voyelles hébraïques (3)
cependant ceci n'est pas contraire à ce que nous disons, que
PAR L'UNITÉ DU HHIRECK OU APEX, RESTANT IMMOBILE,
LA TRINITÉ DES MONADES CONSUBSTANTIELLES
EST APERÇUE DANS L'UNITE DE CE MÊME IOD, ET EST
FORMÉE PAR LA LIGNE DROITE DESCENDANTE ET PAR
LES DEUX AUTRES PARTIES DROITES QUI SE JOIGNENT
TOUTES A LA PÉRIPHÉRIE. D'où nous découvrons par
ce même travail assez approfondi, que les premiers
hommes n'ont pu former suivant de tels principes mystiques,
cette surprenante construction des lettres hébraïques
et des Nekudoth (4) sans être puissamment secondés
par l'inspiration de l'Essence Divine. Et quoique, de
tous ces mystères, les plus infimes soient les seuls qui
puissent être examinés par les jugements des grammairiens
vulgaires, cependant, pourvu qu'ils s'accordent
eux-mêmes, et par quel merveilleux artifice, avec toute
lettre et toute génération des Nekudoth, les plus grands
et les plus excellents de ces mystères sont considérés par
les plus sapient, et instruisent ceux-ci (par l'anagogie
absolutissime).
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(3) Dans le Iod, c'est-à-dire dans l'Unité, le Iod étant considéré
comme le point central, l'emblème générateur. En effet, le Iod
et le Hhireck, (qui n'est autre que le point-voyelle équivalant au
son i), sont les seuls éléments de formation des lettres hébraïques.
Ainsi la lettre Aleph à
est formée de quatre Iod ainsi placés .
Et ainsi pour les autres lettres Opus et characteres
absoluta figura ex uno Iod esse compositos et formatos, dit
Guillaume Postel dans son commentaire sur le Ietzirah. Il
ajoute plus loin: Alef, Beth, He, Chet, Teth, etc., constant duo
numero, hoc est 4 Iod singulæ. (G. de G.)
(4) Nekudoth úåã÷ð,
les points-voyelles, c'est-à-dire l'ensemble
des signes massorétiques. Voyez ce mot employé dans
Cantica Canticorum, I. 11. {G. de G.)
|
Mais abandonnant ces Philosophes de
la langue et des lettres, je veux m'attacher les Mathématiciens
comme témoins très sincères de la rareté de ce don.
L'Arithméticien (je ne dis pas le Calculateur) ne sera-t-il
pas émerveillé de voir que ses nombres, qu'il cachait
abstraits des choses corporelles et libérés de toutes les
choses sensibles dans l'entendement pur (in Dianæas),
par d'obscurs détours, et dont it traitait là, par diverses
spéculations de l'esprit, soient ici, dans notre oeuvre,
présentés et devenus comme concrets et corporels et que
leurs âmes et leurs vies formelles soient séparées d'eux-mêmes,
dans nos formulus. Et ne sera-t-il pas extrêmement
étonné de voir une si considérable production de la
Monade, à laquelle nulle autre Monade ni aucun nombre
n'est ajouté ni ne peut être extrinsèquement adjoint
à dessein de la multiplier? Et ne sera-t-il pas rempli
de la plus grande admiration que, dans cette règle très
subtile et générale des revenus et des biens, l'évaluation
d'une chose proposée et indéterminée (tanquam Chaos)
(et capable de résoudre tout doute arithmétique) ainsi
que son intérêt, et sa valeur, ou estimation (de la puissance
cachée en cette chose elle-même) soit expliquée
toujours dès le premier examen par le nombre Dénaire,
Géomètre (ô mon Roi!) commencera à hésiter et àw; être
trè difficilement d'accord avec lui-même sur les principes
de son art (ce qui est extrêmement remarquable), tandis
qu'ici, en secret, il les entendra murmurer, désigner et
dévoiler par le Mystère Quadratural, Circulaire, et parfaitement
égal, de cette Monade Hieroglyphique. Ici les
célèbres travaux d'Archimèdes auraient pu être abrégés
et couronnés d'un succès complet, tandis qu'il n'a pas
résolu le problème qu'il avait cherché. It suffit qu'il en
ait voulu connaître les grandes lignes. Quel étonnement
le musicien pourra à bon droit manifester, lorsque, sans
mouvement ni son, il comprendra ici les Harmonies
inexplicables et célestes? Et l'Astronome ne se repentira-t-il
pas d'avoir souffert extrêmement de la rigueur
du froid, des veilles et des labeurs, tandis qu'ici, sans
avoir à supporter aucune injure de l'air, abrité sous un
toit, les fenêtres et les portes closes, it pourra à tout moment
observer très exactement de ses yeux les périphories
(c'est-à-dire les circonvolutions) des corps célestes? Et
ceci vraiment sans aucunes machines ni instruments de
bais ou de métal! Et l'opticien (persperctivus} ne condamnera-t-il
pas la stupidité de son talent, lui qui aura
travaillé de toutes façons afin de construire un miroir en
suivant paraboliquement la ligne de la section du cône
(convenablement tracée en forme de cercle) et par le
moyen duquel une matière quelconque (capable de s'enflammer),
à lui présentée, puisse être portée à un incroyable
degré de chaleur par les rayons solaires, tandis
qu'ici, par la Section trigone au tétraèdre, est produite
une ligne, de la forme circulaire de laquelle on peut faire
un miroir qui (même lorsque les nuages obscurcissent
le soleil), peut réduire en poussières presque impalpables,
et par la puissance de la chaleur (vraiment très grande)
toutes sortes de pierres et de métaux. Et celui qui pendant
toute sa vie aura travaillé assidûment à de subtiles spéculations
de poids (5), comme it jugera avoir bien employé
et ses dépenses, et ses labeurs, larsque le Magistère
de notre Monade lui enseignera ici, par une très certaine
expérience que l'élément de la terre peut flotter sur l'eau (6).
Et ceux qui ont agité soigneusement les raisons de la
Plenitude et de la vacuité (7) (argument controversé dès
les débuts de la Philosophie), verront que par cette loi
et par le lien (comme indissoluble) de la nature (formé
par Dieu le Tout-Puissant) les surfaces des éléments
voisins sont coordonnées, unies et connexes, comme peuvent
le montrer aux hommes avec certitude certains effets
merveilleux dans le feu, l'air et l'eau, qui doivent être
conduits et excités (au gré de leurs désirs) en haut et en
bas, à droite et à gauche (ce qui les rend ainsi utiles aux
nations, par diverses découvertes, camme le montre tout
l'artifice des machines hydrauliques, et autres thaumopœetica (8)
de Héron d'Alexandrie, comme on a coutume
de les appeler maintenant. De plus, nul ne renvendiquera
comme étant de sa profession, de pouvoir, au moyen d'une
machine quelconque, puiser (exantlare) au moyen de
l'eau, l'élément de la terre et l'élever dans le feu; et cependant
nos théories de la Monade en démontrent la
possibilité. O Sapientissime Roi, placez ces choses dans
les Trésors très secrets de votre esprit et de votre mémoire.
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(5) C'est-à-dire l'alchimiste.
(6} Dans l'athanor ainsi que dans le Tohau-Bahou génésiaque. (G. de G.}.
{7) Cf. Plutarque, de Iside et Osiride,, § XXIX (G. de G.).
(8) Il faut lire évidemment: Thaumatopoetica, choses merveilleuses,
étonnantes (G. de G.).
|
Je viens maintenant au Kabbaliste hébreu qui, lorsqu'il'
verra sa Géométrie (9), et ses Notariacon et Tzyruph (10)
(qui sont comme les trois princiPales clefs de son art),
être exercés hors des limites de la langue nommée Sainte,
et même que de tous côtés (par les choses visibles et invisibles
qu'il rencontre) les caractères et notes de cette tradition
mystique (reçue de Dieu) sont liés ensemble, alors
il appellera aussi cet art: saint (s'il le comprend agissant
selon la vérité), et il avouera que c'est le même Dieu, bénévolentissime, qui est, sans Philosophie (ou partialité),
non celui des Juifs seulement, mais celui de tous les peuples,
de toutes les nations et de toutes les langues, et que
nul mortel ne se peut excuser de l'ignorance de notre
sainte langue (11). C'est elle que j'ai appelée, dans nos
Aphorismes aux Parisiens, la Kabbale véritable, ou de
réalité, tandis que j'appelle l'autre vulgaire, ou de paroles
seulement ou grammaire Kabbalistique, qui s'appuie
sur toutes les lettres que peut écrire l'homme dans tous
les alphabets connus. Cette Kabbale réelle, qui nous est
née avec la loi de la Création (comme saint Paul l'indique)
est aussi plus divine que la grammaire, puisque
c'est elle qui est la très fidèle explicatrice de ces arts très
nouveaux et profondément abstrus, comme d'autres pourront,
d'ailleurs, l'éprouver par notre exemple. Je sais
bien (ô Roi) que tu ne craindras pas, bien que ce soit
en ta Royale présence, que j'ose proposer cette parabole
magique, Notre Monade hiéroglyphique possède, cachée
dans le centre du centre, un certain corps terrestre que
la divine puissance par laquelle il doit agir, instruit elle-même,
sans paroles, et auquel, dès qu'il aura agi, devra
être jointe (par une alliance perpétuelle) l'infiuence
gonétique (ou génératrice), lunaire et solaire bien qu'au-paravant,
au ciel ou ailleurs, elles fussent complètement
séparées de ce même corps. Cette union (avec l'approbation
de Dieu) étant consommée (celle que j'ai traduite
aux Parisiens par thV gamhV gaian, c'est-à-dire la
terre au mariage ou le signe terrestre de l'union influentale)
sur sa terre native, celle-ci ne peut être nourrie ou
arrosée au delà de la quatrième, grande, complète et
vraiment métaphysique révolution; et cette progression
étant achevée, celui qui l'aura entretenue disparaîtra
d'abord lui-même dans la Métamorphose, et ne se manifestera
que très rarement ensuite aux yeux des mortels.
Ceci, ô Roi excellent, est la véritable et tant de fois célébrée
(et sans crime) Invisibilité des Mages, qui (comme
l'avoueront tous les mages futurs), est attachée aux
théories de notre Monade. Le Médecin très expert pourra
très facilement, au moyen de ces mêmes théories, se conformer
à la volonté mystique d'Hippocrates, Car il saura
ce qu'il faut et ce à quoi il faut ajouter et retrancher (12)
s'il veut avouer dorénavant volontiers que son art et la
médecine elle-même sont contenus sous la formule extrêmement
concise de notre monade. Le Lapidaire (Beryllisticus)
Peut très exactement voir ici, dans une lamelle
cristalline, toutes choses qui se trouvent soit sur terre,
soit dans l'eau, sous le ciel de la Lune; et dans l'escarboucle
ou pierre Adam' (íãà) (13) il explorera toute
région aérienne et ignée. Et si le vingt et unième
théeorème de notre Monade hiéroglyphique donne satisfaction
au Voarchadumique (14), il lui indiquera de considérer
attentivement Voarh Beth Adumoth (15) et il avouera
qu'il ne lui sera pas besoin, pour devenir philosophe
d'aller voyager aux Indes ou aux Amériques.
|
(9) Jean Dee veut dire ici: Guematria
àéøèîâ
qui est un des modes de lecture Kabbalistique. L'arbre Kabbalistique a, en effet,
trois branches principales:
- àéøèîâ Guematria
- ïå÷éøèåð Notaricon
- äøåîú Themurah.
dont les trois initiales forment
úðâ, Jardin,
autrement dit le Gan-Eden, le Paradis, le lieu de la science suprême.
Les initiales des quatre sens sacrés de la langue primitive forment
également le mot Pardès, qui signifie Paradis (G. de G.)
(10) óøö
Ce mot est employé au Sepher Ietzirah, Cap. II,
section 2, où on lit dans l'énumération des opérations sacrées
pour la formation des lettres:
æôøö æøéîçå æì÷ù æáöç æ÷÷ç.
Guillaume Postel, dans son commentaire sur le Sepher Ietzirah, ne sachant
comment rendre cette expression, traduit hardiment: "Zirufavit, ii zirufa;"
et il ajoute: "pour exprimer une idée nouvelle, il faut nécessairement
un mot nouveau." Ce mot, suivant lui, signifie mutation formelle, par opposition
à Temura, qui est la mutation de la matière informe. II est, en
effet, l'évolution ultime du Iitzer
øöéé de la Genèse (chap. II,
v. 7), et il marque, dans le plan organique, le circulus de vie
progressant à travers la matière, théorie dont le transformisme
moderne n'est qu'une grossière caricature (G. de G.).
(11) Parce que chaque langue d'origine sacrée à sa kabbale
particulière qui la rattache à la langue primitive universelle.
Consulter également notre Introduction à l'étude de la
Kabbale (G. de G.)
(12) On lit en marge: Hippocratis: liber de Flatibus.
{13) Le Bereshit assimile, en effet, avec beaucoup de raison
l'hominalité universelle avec la matière alchimique portée à son
plus haut degré de perfection qui se présente alors sous la
forme d'une terre rouge (G. de G.)
(14) Nom de l'Alchimiste transcendant par opposition au Souffleur.
On doit lire à ce sujet le trailé Voarchadumia contra
Alchemiam, du prêtre venitien Jean Augustin Pantheus. (G. de G.)
(15) Littécalement: Or de deux rubifications, c'est-à-dire de
deux cémentations parfaites. (G. de G.)
|
Enfin, quoique nous ayons écrit ailleurs aux Parisiens
sur le genre suprême (adeptivum) (c'est-à-dire sur tout
ce que l'art et vingt années des plus grands travaux
d'Hermès ont pu donner, promettre et obtenir de plus
parfait} (16) et sur ce qui appartient à sa Monade (le
tout éclairé par une démonstration anagogique}, nous
assurons fermement à Votre Majesté Royale que tout
ceci, par l'œuvre analogique de notre Monade Hiéroglyphique,
est exprimé d'une manière si précise que nul
autre exemple plus conforme à la vérité ne peut être
proposé au genre humain. Ce que l'on doit traduire en
soi de deux manières, savoir: absorber l'œuvre dignifiée
elle-même, puis imiter la dignification de l'œuvre.
|
(16) En marge: Anno 1562.
|
Maintenant tu m'accorderas, ô Roi Maximilien, que
j'ai assez parlé (et je crains même, si le vulgaire des
hommes entend toutes ces choses, que ce soit plus qu'assez)
de la rareté de ce mien présent théorétique (par
l'insigne honneur du triple diadème), et que sa bonté a
été définie jusqu'à ses dernières limites. Qu'il soit donc
suffisant (ô ornement singulier de tous les royaumes)
que, tandis que nous avons démontré soigneusement combien
notre présent est rare, nul cependant ne se soit
trouvé (bien que vraiment médisant par le dérèglement
de la langue) qui ait pu faire murmurer l'oiseau Æsopique.
Mais tous les modestes et sapients philosophes
avoueront qu'il est tellement supérieur, qu'il montre
clairement l'indignité de la calomnie de celui-ci, et qu'ils
ne dédaigneront pas d'accorder avec moi louanges et
honneur à ce Phœnix, des ailes de la seule miséricorde
duquel nous avons extrait avec crainte et amour ces très
rares plumes théorétiques, destinées à couvrir notre nudité
qui nous vient d'Adam, afin que, par elles, nous résis tions
plus vigoureusement à certains froids très âpres
de notre ignorance, et que, très attachés à la pudique
Vérité, nous voilions la turpitude de l'erreur aux yeux
de ceux qui s'adonnent à la philosophie, Et bien que
nous ne nous appuyions ici sur aucune autorité humaine,
si cependant quelque notable parole ou écrit de quelque
ancien philosophe pouvait être favorablement expliqué
par notre lumière, nous ne refuserions pas de le présenter
amicalement à notre postérité. Comme dans certains
mystères d'Hermès, d'Ostanès, de Pythagore, de Démocrite
et d'Anaxagoras, que nous condescendons à approuver
par nos démonstrations hiéroglyphiques, sans agir
comme ceux qui, au contraire, leur mendient un témoignage.
Et tant d'excellence est jointe à tant de rareté
que nous protestons que rien n'a été placé par nous en
quelque endroit que ce soit de ce livre, ni ouvertement ni
secrètement, qui ne soit pas honnête, sincère, conforme
à la dignité humaine, et très utile à l'étude véritable de
la religion et de la piété très parfaite, Et comme nul,
certainement, ne peut marcher en ligne droite parmi de
si ardus mystères, hormis celui qui possède toute leur
parfaite amplitude, ainsi nul ne montrera plus promptement
sa puérilité, sa malice ou son arrogance que celui
qui osera condamner comme impie ou rejeter comme
frivole quelque chose de celles que nous avons confiées
à votre sapience. Qui peut être pris à témoin de ceci,
puisque le souverain Roi des rois Omnipotent n'a fait
nul plus puissant en autorité, plus expert en pratique
de toutes choses, plus perspicace dans le jugement, que
le Roi Maximilien? Votre auguste Majesté sera donc
envers moi ce qu'elle est envers tous les autres; c'est-à-dire
que toutes ces présentes théories lui ayant été prouvées
et étant considérées par elle comme définitivement
fixées, non seulement elle clora ainsi la bouche de beaucoup
de grammaticastres de peu de valeur, mais elle
relèvera même les âmes de beaucoup de chercheurs de
philosophie, soit déjà abattus par l'incertitude proclamée
de si grands mystères, soit craignant, à cause de la
rareté des choses, les jugements superbes des ignorants
qui ont coutume de condamner les bonnes études tout
comme les mauvaises (au hasard, sans discernement,
à cause de la seule similitude du nom). Puisque, par
suite de la perte extrêmement déplorable des meilleurs
livres, on peut constater très évidemment que les uns
et les autres de ces hommes ont souvent porté, à diverses
époques, beaucoup de détriment à la République chrétienne;
c'est certainement par un génie apte à comprendre
et à expliquer de si grandes choses, bien qu'elles l'effraient
tout d'abord, et par cette étude des mystères, étude
universelle, aussi noble que divine, et condamnée grossièrement
et vaniteusement par les jugements des ignorants,
qu'elle fera certainement bientôt des progrès non
médiocres. Mais ce n'est pas ici le lieu de comparer à
chacune des sciences véritables, leurs émules, c'est-à-dire
les sciences fausses, oisives, odieuses, incommodes et
inutiles à la société des hommes, qui seules, et par cette
même raison qu'elles sont vulgaires, captivent et circonviennent
les hommes; nous reconnaissons qu'elles doivent
être repoussées et condamnées, non seulement par le jugement
du vulgaire, mais par celui du sapientissime; et
nous conseillons qu'il en soit fait très soigneusement
ainsi. Mais comment ceux qui, ne connaissant ni l'existence,
ni le lieu et la qualité des premières, substantielles
vraiment, et qui ne sont que les ombres ténuissimes de
celles-ci, osent-ils et peuvent-ils avec quelque apparence
de raison, condamner les études non vulgaires des hommes
non vulgaires? Que justice soit faite. Qu'il soit attribué
à chacun ce qu'il mérite; à ces vulgaires demi-savants
qui, non seulement recherchent les ombres des grandes
sciences, mais qui falsifient même et adultèrent scélératissimement
celles-ci, nous attribuons les folies et toute
l'impiété des erreurs; et au contraire, il me semble (ô Roi),
non seulement inhumain, mais injuste et presque impie,
ou d'outrager (à cause de la calomnie sans valeur du
vulgaire) ceux qui sont avancés dans les bonnes et solides
études, et qui sont aussi illustres par leurs bonnes mœurs
que glorieux par leur intégrité, ou d'exciter la haine
contre leur nom et leurs études, ou d'attenter à leur vie.
|
Car de même que, partout, toutes les ombres, de quelques
corps que ce soit, ont des limites communes avec ces
mêmes corps (ce qui est très connu des mathématiciens),
de même ici, les Sapients (Sophi), pour parler et pour
écrire, profèrent des phrases communes à la fois à ces
mêmes corps véritables et aux ombres de ceux-ci. Et là
où les singes ignorants, téméraires et présomptueux ne
s'emparent que des ombres seules, nues et vides, les philosophes,
plus sapients, goûtent le fruit très agréable et
la solide doctrine des corps eux-mêmes. (17) Et ainsi
vraiment nous voyons qu'il adviendra que ce qu'ils
croyaient posséder (et qui n'était qu'ombre), leur sera
très justement arraché des mains, comme non solide ni
sincère; tandis qu'à ceux qui étudient les corps, toute
cognition et compréhension honnête et légitime des
ombres leur sera en même temps acquise. It convient
donc (ô Roi) de choisir avec rectitude entre l'Ombre et
le Corps et de distinguer les limites, les qualités et les
usages de l'un et de l'autre. Ceci est le glaive royal et
impérial de la Justice, qui trouve ici, comme en beaucoup
d'autres circonstances, l'occasion d'exercer son
office divin. Et cependant, par un certain art très parfait,
les Sapients eux-mêmes (Sophi) introduisent très volontiers
quelques-unes de ces figures trompeuses (umbratiles)
dans les détours sinueux de ces mêmes corps, de
peur que les ânes, se ruant grossièrement dans les jardins
des Hespérides, ne viennent dévorer les fruits (lactucæ)
électissimes, tandis que les chardons leur suffisent (18).
|
(17) En marge: S. Luc. ch. 8.
(18) Les Alchimistes, entre autres, ont fréquemment usé de
ce procédé, en introduisant à dessein dans leurs écrits, des
absurdités destinées à dérouter le vulgaire. Cf. Roger Bacon,
De secretis operibus artis et naturæ. (G. de G.)
|
Tu me pardonneras, ô Roi, de taxer le monde d'injustice
(de l'autorité du Christ). Ce n'est pas que je veuille ici,
en aucune manière, énumérer les ornements si célèbres
de ta sapience; ce n'en est ni le lieu ni le temps, et ce
serait même tout à fait superflu. Je m'arrête donc ici.
J'offre donc très humblement à Votre Sérénissime Majesté
ce mien enfant (Londonien par sa conception, Anversois
par sa naissance) de la Monade Hiéroglyphique;
en vous priant de toutes mes forces de ne pas dédaigner
d'en devenir maintenant le parrain, afin qu'il puisse
vraiment ensuite, lorsqu'il sera plus grand en âge et
plus recommandable par son autorité, être continuellement
gardé en votre présence. Je veux ensuite, ô clémentissime
Roi, qu'il soit ensuite considéré comme vous appartenant,
puisque, m'ayant considéré vous-même pendant
toute la parturition d'un regard très favorable, vous l'avez
rendu présent à mes yeux de telle sorte que le travail de la
publication de cette édition est devenu pour moi facile
et rapide. Car moi qui l'avais porté en gestation en mon
esprit (19) d'abord pendant sept années consécutives, par
votre incroyable puissance magnétique après un si long
intervalle, je l'ai enfanté avec la plus grande placidité
en ce monde inférieur, dans l'espace de douze jours
seulement. Qu'il soit propice et favorable, tant à votre
Auguste Celsitude qu'à mes très ardentes études de la
sincérissime Vérité, c'est ce que je prie de nous accorder
cette sacro-sainte Trinité, qui, fondée avant tous les
siècles, vit et règne sempiternelle dans l'omnipotence de
la Monade ineffable; et à qui seule toute espèce de
louange, honneur, vertu et gloire soit, par toute créature,
à jamais proclamée et chantée. Amen.
Anvers, année 1564, 29 janvier.
|
(19) En marge: comme il apparaît dans nos Aphorismes
propædeumatiques imprimés à Londres, en 1553, Aphor. 52.
|
LA MONADE HIÉROGLYPHIOUE
Mathématiquement, Magiquement, Kabbalistiquement
et Anagogiquement expliquée
AU SAPIENTISSIME MAXIMILIEN,
Roi des Romains, de Bohême et de Hongrie.
|
THÉORÈME PREMIER
|
NOTES: |
C'est par la ligne droite et le cercle que fut faite
la première et la plus simple démonstration et représentation
des choses, aussi bien non-existantes
que cachées sous les voiles de la nature (1).
|
(1) C'est-à-dire non seulement les formes sensibles de la manière,
mais les trajectoires des forces cosmiques et moléculaires et
les révolutions intérieures de l'immatière. (Note du traducteur.)
|
THÉORÈME II
Et ni le cercle sans la droite, et ni la droite sans
le point ne peuvent être artificiellement produits.
C'est donc par la vertu du point et de la monade que
les choses ont commencé d'être, en principe.
Et toutes celles qui sont affectées
à la périphérie, quelque grandes qu'elles
soient, ne peuvent, en aucune manière,
manquer du secours du point central (2).
|
(2) Le point central, l'Iod générateur et phallique, si bien précisé
dans la planche pentagrammatique de l'Amphitheatrum de
Khunrath. Voyez également une figure hermétique très crue du
Liber Azoth (Practica lineæ vitæ) de Paracelse. (G. de G.)
|
THÉORÈME III
Donc, le poin central qu'on voit au
centre de la Monade Hiéroglyphique se
trapporte à la Terre, autour de laquelle,
tant le Soleil que la Lune et les autres planètes
accomplissent leurs cours. Pour cette
raison, puis que le Soleil possède la suprême
dignité, nous le représentons par un cercle
complet et un centre visible.
THÉORÈME IV
Bien que l'héemicycle de la Lune soit comme supérieur
et au-dessus du cercle solaire, cependant il
reconnaît le Soleil commne; son seigneur et roi; et on
voit qu'il se complaît tellement en sa forme et sa
proximité, qu'il rivalise avec lui par la grandeur
(apparente aux hommes vulgaires) du semi-diamètre
et qu'il reproduit toujours sa lumière; enfin il désire
tellement être imprégné des rayons solaires que,
presque transformé en lui, il disparaît complètement
du ciel jusqu'à ce que, quelques jours après, il apparaisse,
comme nous l'avons représenté, sous une
figure corniculée.
THÉORÈME V
Et je donne vraiment un complément au cercle
solaire par le semi-cercle de la Lune. Du soir et du
matin, il n'a été fait qu'un jour. Qu'il soit donc le
premier, celui par qui a été faite la Lumière des Philosophes.
THÉORÈME VI
Nous voyons ici le Soleil et la Lune s'appuyer sur
la croix rectiligne. Celle-ci peut signifier fort à propos,
par raison hiéroglyphique, soit le Ternaire,
soit le Quaternaire. Le Ternaire, en effet, par les
deux droites et le point commun à toutes les deux,
comme copulatif. Le Quaternaire par les quatre
droites renfermant quatre angles droits. (Chacun de
ces éléments répétés deux fois, alors s'offre à nous, secrétissimement, l'Octonaire, que je ne crois pas
avoir été connu de nos prédécesseurs les
Mages, et que tu considéreras très attentivement.)
Le Ternaire magique des premiers
Pères et des Sapients consistait en
corps, esprit et âme. D'où nous avons ici
le Septénaire primaire manifesté, c'est-à-dire
par les deux droites et leur point
commun, ce qui fait trois, et par les quatre
droites que forme ce même point en séparant
les deux premières.
THÉORÈME VII
Les éléments étant éloignés de leurs places habituelles,
les parties homogènes disloquées de ceux-ci
apprendront à l'homme expérimenté que c'est par des
lignes droites qu'elles effectueront naturellement
leur retour à ces mêmes places. Donc, il ne sera pas
absurde de représenter le mystère des quatre éléments
(en lesquels peut être réduite chacune des
choses élémentées) par quatre droites s'éloignant en
quatre sens contraires d'un point unique et indivisible.
Ici tu remarqueras soigneusement que les géomètres
enseignent que la Ligne est produite par le
déplacement du Point; nous avertissons qu'il doit
en être de même ici pour une semblable raison, puisque
nos lignes Elémentaires sont produites par une
continuelle chute (comme un flux) de gouttelettes
(stillae) (comme des points physiques) dans notre
Magie mécanique.
THÉORÈME VIII
|
En outre, l'extension kabbalistique du quaternaire
selon la formule de numération usitée (lorsque
nous disons: Un, Deux, Trois et Quatre), présente
en abrégé le DÉNAIRE. C'est pourquoi Pythagoras
avait coutume de dire: 1, 2, 3 et 4 font dix. Ce n'est
donc pas au hasard que la Croix Rectiligne (c'est-à-dire
la vingt et unième lettre de l'Alphabet romain),
étant considérée comme formée de quatre droites, a
été prise par les plus anciens philosophes latins pour
représenter le DÉNAIRE. De plus, le lieu est défini
par cela même, où le TERNAIRE, conduisant sa force
par le SEPTÉNAIRE, l'a placé (3).
|
(3) Passage un peu obscur de Jean Dee, qui doit s'entendre
ainsi: Le dénaire est composé d'un premier ternaire, puis du
quaternaire au milieu, puis d'un second ternaire (10: 3, 4, 3).
Donc le quaternaire complète le ternaire en formant le septéenaire, et
le ternaire complète le septénaire pour former le dénaire. Et
chacun de ces trois termes: ternaire, quaternaire et septénaire
tend vers le dénaire par le moyen des autres termes. (G. de G.)
|
THÉORÈME IX
On verra que tout ici convient parfaitement au
SOLEIL et à la LUNE de notre MONADE, puisque, par
la Magie des quatre Eléments, la SÉPARATION très
exacte en leurs lignes primitives aura été faite, et
ensuite la CONJONCTION circulaire dans le complément
SOLAIRE, par les périphéries de ces mêmes lignes
(car quelle que soit la grandeur d'une ligne donnée,
il est possible de décrire un cercle passant par ses
extrémités d'après les lois de la Géométrie). Alors
on ne peut donc nier combien est utile, au SOLEIL et
à la LUNE de notre MONADE, la Proportion DÉNAIRE
de la Croix.
THÉORÈME X
|
La figure suivante de la Dodécatémorie (4) du
Bélier, en usage chez les Astronomes, est connue de tout
le monde (comme une sorte d'édifice
tranchant et pointu); et il est
constant qu'elle indique l'origine, en
ce lieu du ciel, de la Triplicité Ignée.
Ainsi donc nous avons ajouté le signe astronomique
du Bélier pour signifier
que (dans la pratique de
cette MONADE) le ministère du feu est requis. Et
ainsi, brièvement, nous
avons achevé la considération
hiéroglyphique de notre MONADE que
nous voulons résumer ainsi, en un seul contexte
hiéroglyphique:
|
(4) Terme astrologique que Jean Dee emploie comme l'expression
d'un signe du Zodiaque en entier, tandis qu'il n'est, en
réalité, que le douzième d'une maison cosmique. Voir à ce sujet
Manilius, lib. II, vers 678 à 685, et Julius Maternus Firmicus,
lib. II, cap. 15. (G. de G.)
|
LE SOLEIL ET LA LUNE DE CETTE MONADE VEULENT
QUE LEURS ÉLÉMENTS DANS LESQUELS LA PROPORTION
DÉNAIRE FLORIRA, SOIENT SÉPARÉS, ET CECI S'ACCOMPLIT
PAR LE MINISTERE DU FEU.
THÉORÈME XI
|
Le signe mystique du Bélier, constitué par deux
semi-cercles, connexes en un point commun, est
très justement attribué au lieu de la Nycthemère (5)
Æquinoxiale. Car la période de vingt-quatre heures,
partagée par le moyen de l'Æquinoxe, dénote nos
Secrétissimes proportions. Je dis nos par rapport à
la Terre.
|
(5) Nycthemera, Point moyen qui divise la nuit en deux par ties égales. (G. de G.)
|
THÉORÈME XII
Les très anciens Sapients et Mages nous ont transmis
cinq signes hiéroglyphiques des Planètes, tous
composés des caractères de la LUNE et du SOLEIL,
avec le signe des Eléments ou le signe hiéroglyphique
du Bélier, comme l'indiquent ceux qu'on voit
figurés ici:
Chacune de ces figures ne sera pas difficile à expliquer,
suivant le mode hiéroglyphique, au moyen de
nos principes fondamentaux déjà posés. D'abord
nous parlerons paraphrastiquement de ceux qui possèdent
le caractère de la Lune; ensuite de ceux qui
possèdent le caractère du Soleil. Lorsque notre nature
LUNAIRE, par la science des Eléments, eut accompli
une première révolution autour de notre Terre, elle
était appelée mystiquement SATURNE. Puis, à la
suivante révolution, elle avait nom JUPITER et gardait
une figure plus secrète. Enfin la Lune, élémentée
par un trolsième tour, était représentée plus obscurément
encore par cette figure qu'ils avaient
coutume d'appeler MERCURE. Voyez comment
celui-ci est LUNAIRE, Qu'il soit conduit
à une QUATRIÈME Révolution, ceci ne sera
pas contraire à notre secret dessein, quoi
que prétendent certains Sages. De cette manière,
le Purissime Esprit Magique, à la place
de la Lune, administrera l'Œuvre de l'albification,
et par sa vertu spirituelle, SEUL avec nous, et comme
au milieu du Jour Naturel, il parlera Hiéroglyphiquement
sans paroles, introduisant et imprimant ces
quatre figures géogamiques dans la Terre purissime
|
et simplicissime préparée par nous, ou cette dernière
figure au lieu de toutes les autres (6).
|
(6) Ce théorème expose, dans un langage un peu obscur, le
mystère de la génération des êtres. Il indique que la figure
mercurienne, isolée par un trait dans le pantacle gravé, résume
les quatre réevolutions lunaires qui précèdent l'état de perfection
du Mercure des Philosophes. Celui-ci, seul, détermine le jour parfait
équinoxial dans l'idéale terre, l'Héden Génésiaque: et il est
la puissance vitale elle-même, qui nous soutient et nous anime. (G. de G.)
|
THÉORÈME XIII
|
Donc le caractère mystique de Mars n'est-il pas
formé des hiéroglyphes du SOLEIL et du BÉLIER, le
Magistère élémental intervenant en partie? Et celui
de VÉNUS, je le demande; n'est-il pas formé de celui
du SOLEIL et des Eléments suivant la meilleure explication?
Donc ces planètes regardent la Périphérie
SOLAIRE et l'œuvre de revivification (anazwpurhsiz).
Dans la progression de laquelle nous verrons apparaître
cet autre Mercure
qui est vraiment
le frère utérin du premier (7). Et comme
par la complète Magie Lunaire et Solaire
des Eléments, cet Hiéroglyphe messager (8)
nous parle très distinctement, nous allons
plus attentivement l'examiner et l'écouter.
Et (par la VOLONTÉ de DIEU) il est
le MERCURE des Philosophes, ce très célèbre
MICROCOSME et ADAM. Cependant, quelques-uns
parmi les très experts avaient coutume de
placer au lieu et rang de celui-ci le SOLEIL lui-même.
|
(7) Toute cette démonstration doit être suivie sur la figure de
la page 27 où l'on voit clairement la formation des deux
Mercures. (G. de G.)
(8) Nuncius, allusion aux attributions du Dieu Mercure. (G. de G.)
|
|
Ce que nous ne pouvons pratiquer à notre époque,
à moins que nous n'ajoutions à cet œuvre chrysocorallique
une certaine AME, séparée du CORPS par l'art
Pyronomique. Ce qui est difficile à accomplir, et très
périlleux à cause des feux et des soufres que l'esprit
(halitus) apporte avec lui. Mais cette AME, certes,
pourra accomplir des choses merveilleuses. Par exemple,
lier par d'indissolubles liens au disque de la LUNE
(ou au moins de MERCURE) LUCIFER (9) et même Mars
(Pyroenta). Et en troisième lieu {comme us le veulent),
nous montrer {pour achever notre nombre septénaire)
le Soleil des Philosophes lui-même (10). Voyez combie
exactement, combien clairement cette Anatomie
de notre Monade Hiéroglyphique répond à ce
que signifient les arcanes de ces deux théorèmes.
|
(9) La matière alchimique parvenue au blanc, au sortir de la
putréfaction. {G. de G.)
(10) Une note marginale porte ici la mention suivante: L'anatomie
monadique, principale de toute l'astronomie inférieure.
|
THÉORÈME XIV
Il est donc déjà clairement confirmé que c'est du
Soleil et de la Lune que dépend tout ce magistère.
Le trois fois grand Hermès nous en a avertis autrefois
en affirmant que le Soleil est son Père et la Lune
sa Mère; et nous savons vraiment qu'il est nourri
de la terre rouge sigillautre-foise (terra lemnia) par les rayons
lunaires et solaires qui exercent autour de lui une
singulière influence.
THÉORÈME XV
Nous proposons donc aux Philosophes de consideacute;rer
les exaltations (labores) du Soleil et de la Lune
autour de la Terre. Elles adviennent, pour celle-ci,
lorsque la clarteacute; solaire entre dans le Beacute;lier; alors la
Lune reçoit dans le signe suivant (c'est-à-dire du
Taurrau) une nouvelle digniteacute; de Lumière, et se
hausse au-dessus de ses vertus naturelles. Les anciens
expliquaient cette proximiteacute; des luminaires (la
plus remarquable de toutes) par un certain Signe
mystique, sous le nom insigne du Taureau. Il est
très certain que c'est là cette exaltation de la Lune,
comme il en a eacute;teacute; teacute;moigneacute; par eacute;crit (dans les traiteacute;s
des Astronomes) dès les temps les plus anciens. Et
ceux-là, seuls, comprennent ce mystère, qui sont
devenus les Pontifes absolus des mystères. Et c'est
pour la même raison qu'ils ont dit que le Taureau
était la maison de Vénus, c'est-à-dire de l'amour
conjugal, chaste et prolifique, la Nature (Fusiz) se
délectant de la Nature, comme le grand Ostanès l'a
tenu caché en ses secrétissimes mystères.
Elles (les exaltations) adviennent pour le Soleil
lorsque celui-ci, après avoir reçu plusieurs éclipses
de sa lumière, reçoit la force Martienne, et il est dit
alors triompher dans son exaltation dans cette même
maison de Mars (qui est notre Bélier). Notre Monade
démontre très clairement et très parfaitement ces
secrétissimes mystères par
la figure hiéroglyphique du
TAUREAU qui es ici représentée,
et par celle de MARS
que nous avons placée aux
théorèmes XII et XIII, et
qui indique le SOLEIL, tendant
par une ligne droite
vers le BÉLIER. Par la présente
théorie, une autre
Anatomie kabbalistique de notre MONADE s'offre donc
d'elle-même, dont la véritable et ingénieuse explication
est celle-ci: LES EXALTATIONS DE LA LUNE ET
DU SOLEIL AU MOYEN DE LA SCIENCE DES ELEMENTS.
ANNOTATION
|
Il est deux choses que je crois devoir être très expressément
remarquées; la première, que cette figure
hiéroglyphique du Taureau nous représente exactement
la Diphtongue des Grecs (11) qui est toujours
ja terminaison du génitif singulier; la seconde, par
une simple métathèse de lieu, nous montre doublement
la lettre ALPHA (a) par un cercle et un demi-cercle,
soit simplement tangents, soit se coupant mutuellement,
comme ici.
|
(11) La diphtongue grecque ou, que l'on écrit maintenant au
moyen de ces deux lettres, était formée autrefois par le signe
formé par la superposition des deux caractères. Cette coutume,
aujourd'hui disparue, et que l'on rencontre rarement dans le
style lapidaire, avait pris naissance dans l'écriture cursive des
manuscrits, et s'est maintenue dans l'impression des ouvrages
grecs jusqu'au commencement du XIXe siècle. (G. de G.)
|
THÉORÈME XVI
Il nous faut maintepant philosopher un peu en vue
de notre sujet, sur la CROIX. Bien que notre CROIX
soit formée de deux droites (comme nous l'avons dit)
et vraiment égales entre elles, celles-ci cependant ne
se décomposent pas mutuellement en longueurs
égales. Mais nous avons voulu employer en la distribution
mystique de notre croix des parties tant
égales qu'inégales. Elles montrent ainsi qu'une vertu
se cache aussl dans la puissance des divisions binaires
de la croix Æquilatère, puisqu'elles sont d'égale grandeur.
Car, en général, la croix devant être formée de
droites égales, la justice de la nature elle-même demande
qu'elle soit faite par la décussation (12) parfaitement
égale des lignes. Selon la norme de cette
justice, nous proposons d'examiner avec soin ce qui
va suivre, sur la Croix Æquilatère (qui est la vingt
et unième lettre de l'alphabet latin). Si, par le point
commun de section et les angles opposés par le
sommet de la Croix Rectiligne, Rectangulée et Æquilatère,
on suppose une droite la traversant de part
en part, de chaque côté de la ligne ainsi traversante,
se trouvent formées deux parties de la Croix, parfaitement
égalems et semblables. Et la figure de celles-ci
est semblable à cette lettre des Latins qui est regardée
comme la cinquième des voyelles et qui était
très usitée par les très anciens Philosophes Latins
pour représenter le nombre cinq (13).
Ce que je conçois
n'avoir pas été fait par eux hors de propos, puisqu'elle
est l'exacte moitié de notre Dénaire. De ces parties de la
figure ainsi doublée (par cette division hypothétique
de la Croix) qui en provient, nous sommes
conduits par la raison qu'elles représentent
chacune le Quinaire (bien que l'une
soit droite, l'autre renversée) à imiter ici
la multiplication carrée des Racines carrées.
(ce qui advient ici merveilleusement
dans le nombre circulaire (14), c'est-à-dire le Quinaire);
d'où le nombre vingt-cinq se trouve, en effet, produit
(puisque cette lettre est la vingtième de l'alphabet (15) et
la cinquième des voyelles). Nous considérerons maintenant
un autre aspect de cette même Croix Æquilatère;
c'est le suivant, qui est semblable à la position
de notre Croix Monadique. Nous supposons qu'une
semblable division de la Croix en deux
parties, est faite ici (comme plus haut).
|
(12} Position de deux lignes qui se croisent. (G. de G.)
(13) La lettre V, indifféremment employée pour U se trouvait
être, en effet, la cinquième voyelle, et, dans les chiffres romains,
représentait le nombre 5. (G. de G.)
(14) Ainsi appelé parce que c'est le seul qui, dans tous ses multiples,
produise toujours des nombres dont le dernier chiffre est
5. (G. de G.)
(15) Jean Dee a placé plus haut la lettre T au vingt et unième
rang (dans l'alphabet latin), parce qu'il compte alors les caractères
Æ et J. Mais en supprimant Æ; en identifiant J avec I
et U avec V, cette dernièrese trouve la vingtième. (G. de G.)
|
|
Alors se montre la figure géminée d'une
autre lettre de l'Alphabet Latin: l'une
droite, l'autre renversée et opposée; cette
lettre est usitée (d'après la très ancienne
coutume des Latins) pour représenter le
nombre cinquante. De là me semble qu'il faut d'abord
établir ceci: de ce que ce signe du Quinaire est essentiellement
tiré de notre Dénaire de la Croix, mais que
celle-ci est placée au sommet de tous les mystères, il
s'ensuit que cette CROIX est le signe hiéroglyphique
parachevé. D'ou, renfermant dans sa force quinaire la
puissance du dénaire, elle s'éjouit du nombre cinquante
comme de sa propre production (16). O mon
DIEU, combien profonds sont ces mystères! et le
nom EL donné à cette lettre! Et même, pour cette
raison, nous voyons qu'elle se rapporte à la vertu
dénaire de la Croix, puisque, à partir de la première
lettre de l'Alphabet, elle marque ce même dénaire de
la Croix, et qu'elle se trouve également au dixième
rang, en partant de la dernière (17). Et puis que nous
montrons qu'il y a dans la Croix deux parties inté
grales semblables à celle-ci (en considérant maintenant
leur seule vertu numérale), il est très clair que
le nombre centenaire en est produit. Et si, par la loi
des carrés, ces deux parties supportent une multiplication
mutuelle, elles nous donnent comme produit
deux mille cinq cents; et ce carré, comparé
au carré du premier nombre circulaire et appliqué
à lui, présente encore une différence d'un centenaire
(18), de sorte que la Croix elle-même, s'expliquant
suivant la puissance de son dénaire, est reconnue
être une centurie; et cependant, puisque
tout ceci n'est que dans une seule et même figure de
la Croix; elle se trouve représenter aussi l'Unité.
Ici donc, par ces théories de la Croix (les plus dignes
de toutes), nous sommes déjà induits à nombrer et
progresser de cette manière: Un, dix, cent. Et c'est
ainsi que la proportion dénaire de la Croix se présente
à nous.
|
(16) En effet, la let Ire L vaut 50, c'est-à-dire le produit du dénaire
par le quinaire. Ainsi la Croix, mystérieusement construite
sur les chiffres 5 et 10, tout en présentant l'image du quaternaire,
est bien le signe par excellence du monde à venir, du
monde toujours nouveau et renaissant par la rédemption de
l'homme par l'homme, tandis que le passé s'engloutit dans l'absolue
forme du ternaire. De plus, la lettre L se prononce comme
le mot hébreu EL, qui est le nom spécial de la divinité dans
ses manifestations vers l'homme. (G. de G.)
(17) La lettre L est la dixième de l'alphabet à partir de A ou,
en rétrogradant, à partir de V.
1=A, 2=B, 3=C, 4=D, 5=E, 6=F, 7=G, 8=H, 9=I, 10=L
9=M, 8=N, 7=O, 6=P, 5=Q, 4=R, 3=S, 2=T, 1=V. En supprimant la lettre J, qui n'est
qui n'est qu'une forme de I, ainsi que
K, étranger à l'alphabet latin, et en identifiant U avec V, on
voit que la lettre L est, en effet, a mi-chemin de l'alphabet et au
dixième rang de chaque côté. (G. de G.)
(18) Le carré du premier nombre circulaire V X V = 25. Le
carré du second nombre circulaire L X L = 2.500. Ces deux
nombres sont les mêmes, avec la seule difference que le chiffre
des unités du premier se trouve, dans le second, reculé au
rang des centaines. (G. de G.)
|
THÉORÈME XVII
Comme il est évident, d'après le dixième Théorème,
on peut considérer quatre angles droits, en notre
Croix, à chacun desquels le précédent Théorème nous
apprend à attribuer la signification du quinaire, suivant
une première manière de les placer; et en leur
donnant une autre position, le même théorème admet
qu'ils deviennent les signes hiéroglyphiques du
nombre quinquagénaire, de sorte qu'il est très évident
que la Croix, vulgairement, indique le dénaire,
et de plus, dans l'ordre de l'Alphabet Latin, elle est
la vingt et unième lettre (c'est pourquoi il est advenu
que les Sages, appelés Mecubales, désignent le nombre
vingt et un par cette même lettre). Enfin il peut être
très simplement considéré comme étant un simple
signe, quelque autre puissance qualitative et quantitative
qu'il possède. De toutes ces choses nous
voyons qu'il peut être conclu, par la meilleure démonstration
kabbalistique, que notre Croix, par un
merveilleux abrégé, peut signifier, pour les Initiés:
deux cent cinquante-deux. Car quatre fois cing,
quatre fois cinquante, dix, vingt et un et un, additionnés,
font deux cent cinquante-deux. De même
que nous pouvons extraire ce nombre par deux autres
moyens encore, précédemment énoncés, nous recommandons
aux kabbalistes encore inexpérimentés de
le produire également, en étudiant ainsi sa brièveté
et en jugeant digne de la considération des Philosophes
la production variée et ingénieuse de ce nombre
magistral. Et je ne vous cacherai pas ici une autre
mystagogie mémorable. En considérant que notre
Croix déployée se divise encore en deux autres lettres,
si nous examinons d'abord d'une certaine manière
leur vertu numérale, de sorte que nous conférions
pareillement ensuite leur force verbale avec cette
même croix, nous comprendrons avec une suprême
admiration que c'est de là que naît la Lumière (LVX)
le Verbe final et magistral (par cette union et conjonction
du Ternaire, dans l'unité du Verbe) (19).
|
(19) Le mot latin Lux, qui signifie lumière et qui s'écrit LVX
en style lapidaire, est composé, en effet, de L et de V dont Jean Dee
vient de nous donner les valeurs symboliques, et de X qui
est une croix formée de deux V ou de deux L superposés. (G. de G.)
|
THÉORÈME XVIII
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De nos théorèmes douzième et treizième, il peut
être inféré que l'Astronomie céleste est comme la
source et la directrice de l'Astronomie inférieure.
Ayant donc élevé au ciel nos yeux kabbalistiques
(illuminés par la contemplation des mystères susdits),
nous apercevons très exactement l'Anatomie
de notre Monade se montrant ainsi à nous toujours
dans la Lumière et la Vie de la Nature, et découvrant
très explicitement, de son propre mouvement, les
très secrets mystères de cette Analyse physique.
Enfin lorsque nous avons contemplé les actions célestes
et divines de ce céleste messager, nous avons
été conduits à appliquer à cette coordination la
figure de l'Œuf. Car il est très connu de tous les astronomes
que, dans l'Æther, le circuit qu'il forme
par sa course est figure par un ovale (20) Et, puisque
le Sapient doit comprendre à demi-mot, voici nos
interprétations (ici hiéroglyphiquement proposées)
de ce céleste conseil, complètement
conformes à tout ce qui
a précédé.
|
(20) Jean Dee nous livre ici le secret du mouvement vibratoire
atomique. C'est le mystère de la cohésion, de la couleur, de la
chaleur, de la vie elle-même qu'il nous expose. (G. de G.)
|
Ici avertis, que les
misérables Alchimistes (21) apprennent
donc à reconnaître
leurs nombreuses erreurs, et
comprennent ce qu'est l'eau du
blanc d'œuf, -- ce qu'est l'huile
de jaune d'œuf ou la coquille
calcaire des œufs (22); qu'ils
comprennent donc à leur déses-poir,
ces inhabiles imposteurs,
toutes les expressions semblables,
si nombreuses! Ici nous
avons presque tout proportionné
selon la nature. Ceci est l'œuf même de l'Aigle, que
le Scarabée brisa autrefois à cause de l'injure que
la cruauté et la violence de cet oiseau avait causée
aux hommes timides et simples. Car il en avait même
poursuivi quelques-uns qui fuyaient jusque dans
l'antre du Scarabée où ils venaient implorer son secours.
Mais le Scarabée, seul, estimant, à cause de tant
d'insolence, que, de toute manière, cette injure devait
être vengée par lui, puisqu'il était d'un caractère
ardent, préparé à accomplir ceci par la constance et
la volonté, et qu'il ne manquait ni de force ni d'intelligence,
ce scarabée poursuivit l'aigle de tous ses
efforts et una de cette très subtile ruse, de laisser
choir une ordure dans le sein de Jupiter où l'œuf
était déposé, de telle sorte que ce dieu, en s'en débarrassant,
précipita à terre l'œuf qui s'y brisa (23).
Et le Scarabée, pour cette raison ou pour d'autres,
eût complètement exterminé de la terre la race
entière de l'aigle, si Jupiter, pour obvier à un si grand
mal, n'eût décidé que, pendant le temps de l'année
où les aigles veillent attentivement sur leurs œufs,
nul scarabée ne vînt voltiger autour de ceux-ci. Je
conseille donc à ceux qui sont maltraités par la cruauté
de cet oiseau, qu'ils apprennent cet art très utile de
ces insectes du Soleil (Heliocanthari) (qui vivent
ainsi, cachés par longs espaces de temps). Par les
indices et signes desquels il leur
serait vraiment très agréable, bien
qu'ils ne le fassent pas encore eux-mêmes, de
pouvoir tirer vengeance de leur
ennemi (24). Et ils avoueraient (ô
Roi!) que ce n'est pas Æsopus, mais
Œdipus qui m'incite à agir, s'ils
étaient présents, ceux aux âmes
desquels il entreprit pour la première
fois de parler des suprêmes mystères de la
Nature. J'ai su parfaitement qu'il y en a eu certains
qui, par l'artifice du Scarabée, s'ils eussent dissous
l'œuf de l'aigle et sa coquille avec l'albumine pure,
et eussent formé d'abord un mélange du tout; puis,
s'ils eussent enduit ce mélange de toute la liqueur du
jaune, par un procédé habile, en le roulant et l'enroulant
sans cesse, comme les scarabées agglomèrent
leurs pelotes de terre, alors la grande métamorphose
de l'Œuf se fût accomplie (25), l'albumine elle-même
disparaissant et comme enveloppée (comme si un
grand nombre de cercles hélicoïdes étaient révolus)
dans cette même liqueur du Jaune.
|
(21) A l'époque de Jean Dee, on appelait particulièrement alchimistes,
les souffleurs, c'est-à-dire ceux qui, malgré les multiples
recommendations des maîtres, s'obstinaient à travailler au Grand
Œuvre sur des matières hétéroclites. Les vrais alchimistes
revendiquaient plutôt le nom de Sages et de Philosophes. (G. de G.)
(22) Termes mystérieux de la science alchimique. L'Œuf qui
est line « gigantesque cellule », suivant l'expression d'Yves Delage,
est en effet un microcosme exactement semblable à l'œuf
génésiaque et orphique d'où est sorti l'univers organisé, et que
le Scarabée tient enserré à l'architrave des temples égyptiens.
Lire à ce sujet le poème de l'Œuf dans les poèmes hiéroglyphiques
de Simmias de Rhodes. (G. de G.)
(23) Jean Dee rapporte si succinctement ce trait que, pour être
intelligible, nous avons dû, contrairement à notre habitude,
amplifier les deux dernières lignes d'après les mythologues.
Voici le texte de Jean Dee: Unde variis conatibus aquilam
dum persequeretur scarabeus: subtilissima fimi arte usus,
illius tandem (vel in Jovis gremio depositum) ovum, in terram
præcipitari adeoque disrumpi effexit.
Cette histoire est purement alchimique; et il est facile de comprendre
pourquoi l'auteur interrompt ses théorèmes astrologiques
et cosmogoniques pour l'insérer ici. (G. de G.)
(24) Ceci s'entend toujours dans la conduite des principes
opposés du Grand Œuvre. Est-il besoin de dire qu'il ne s'agit
pas ici d'un précepte de morale? (G. de G.)
(25) En langage alchimique, l'Œuf n'est pas l'athanor, mais le
Magistère lui-même. Les trois termes: jaune, blanc et coquille
représentent le triple composé du soufre, du mercure et du sel.
(G. de G.)
|
La figure hiéroglyphique ci-contre de cet artifice ne déplaira pas
aux Economes (ordonnateurs) de la Nature. Nous
lisons que dans les premiers siècles, cet artifice fut
célébré par les plus graves et les plus anciens philosophes,
comme très certain et utile. Anaxagoras
forma ensuite de ce Magistère une très excellente
médecine, comme on peut le voir dans son livre
peri pwn ec strojwn jusicwn (26).
Celui qui s'adonne sincèrement
à ces mystères verra clairement ici que rien
ne peut exister sans la vertu hiéroglyphique de
notre Monade.
|
(26) Cet ouvrage, que nous ne connaissons pas, doit être un
livre alchimique de la décadence grecque, faussement attribué
à cet auteur. Il n'est mentionné ni dans Diogenes Laërce, ni
dans Suidas; et l'on ne possède, de ce philosophe, que des
fragments cités dans le commentaire de Simplicius sur la physique
d'Aristote, réunis dans les Anaxagoræ Clazomenii fragmenta,
Leipzig, 1827, et dans les Fragmenta philosophoram græcorum
de Mullach, Paris, édition Didot, 1860, tome I. Le
titre cité par Jean Dee ne s'y trouve pas. Enfin il ne figure pas
non plus dans le catalogue de la bibliothèque de Jean Dee, publié
à la suite de son Diary. (G. de G.)
|
THÉORÈME XIX
|
Que le Soleil et la Lune, beaucoup plus que toutes
les autres Planèes, déversent leurs forces corporelles
dans tous les corps inférieurs élémentés (27), c'est
ce que démontre, en effet, l'Analyse Pyronomique de
toutes les choses qui ont un corps, puis que celles-ci
laissent échapper (dans cette analyse) l'humeur
aqueuse de la Lune, et la liqueur ignée du Soleil par
lesquelles se sustente toute la corporéité terrestre des
choses mortelles (28).
|
(27) C'est-à-dire formés des éléments. (G. de G.)
(28) Toute génération, germination, développement de semence
et nutrition, n'est que le produit de la réaction d'un principe
chaud sur un principe humide, le tout enveloppant un
germe animé d'une étincelle de l'essence impérissable de la vie.
Sans chaleur ni humidité, point de génération, de reproduction
possible Le végétal ne s'accroit que sous l'influence de la chaleur
solaire combinée avec l'humidité terrestre; si l'un de ces éléments
fait défaut, ce végétal périt. Cette grande loi du chaud et de l'humide,
générateurs du monde, est le secret ultime des alchimistes.
C'est la loi équilibrante de l'Univers, que Jean Dee énonce ici en
un latin assez obscur, loi admirable qui a nécessité, pour la procréation
du cosmos tout entier, l'action (avec tendance passive) d'un
mâle igné, sur la passivité (avec tendance active) d'une matrice
féminine imprégnée d'humidité C'est l'Esprit, Activité, Lumière,
s'unissant à la Vierge, Passivité, Eau, pour produire
l'Univers animé et sensible. (G. de G.)
|
THÉORÈME XX
|
Bien que nous ayons suffisamment démontré ci-dessus
par une bonne raison hiéroglyphique que les
Eléments sont représentes par les lignes droites,
cependant nous donnerons une spéculation très
exacte du point, qui est comme le centre de notre
croix. Celui-ci ne peut en aucune manière être absent
de notre Ternaire. Mais si quelqu'un, ignorant de la
mathèse divine, soutenait que, dans cette position
de notre binaire, il peut être absent, qu'il suppose
donc un instant qu'il soit absent. Ce qui resterait
alors ne serait pas notre Binaire; mais le Quaternaire
paraîtra par le retranchement de ce point et la discontinuation
de l'unité des lignes. Or, notre adversaire
a supposé avec nous que c'était le Binaire qui
nous restait; le Binaire et le Quaternaire seraient
donc une seule chose, suivant la même considération.
Ce qui, assez manifestement, est impossible. Donc
ce point doit, de toute nécessité, être présent,
puisque avec le binaire il constitue notre ternaire; et rien
ne peut être substitué à sa place. Cependant il ne
fait pas partie de la propriété hypostatique de ce
Binaire et n'en est nullement une partie intégrante.
|
On démontre ainsi qu'il n'en fait pas partie. Toutes
les parties d'une ligne sont des lignes. Or, celui-ci est
un point, ce que confirme l'hypothèse. Donc il ne
forme pas une partie de ce Binaire et encore moins
fait-il partie de la propriété hypostatique de ce Binaire.
Ensuite, il faut remarquer par-dessus tout qu'il
possède lui-même son hypostase propre, et qu'il n'est
nullement contenu dans les étendues linéaires de
notre Binaire. Mais puisqu'on voit ainsi qu'il est
commun à l'une et à l'autre (de ces étendues), il est
censé recevoir une certaine image secrète de ce Binaire.
D'où nous démontrons ici le Quaternaire se reposant
(quiescens) dans le Ternaire. Pardonne-moi, ô mon
Dieu! si j'ai péché envers ta Majesté en révélant un
si grand myst&rgrave; des écrits livrés à tous! Mais
j'espère que ceux-là seuls qui sont dignes le comprendront
vraiment! Continuons donc maintenant
à traiter de ce quaternaire de notre Croix que nous
avons indiqué. Recherchons donc ensuite si ce point
peut être éloigné de l'endroit où il est représenté. Or,
les Mathématiques nous enseignent qu'il peut être
facilement deéplacé. Car non seulement lorsqu'il est
séparé, ce qui reste est notre quaternaire, mais il
deviendra beaucoup plus clair et distinct aux yeux
de tous. Ce n'est pas une partie de sa proportion substantielle,
mais seulement le point superflu de confusion
qui est rejeté et éloigné. (29) O Omnipotente Majesté
Divine, combien nous sommes contraints, nous, mortels,
de confesser quelle grande sapience et quelle ineffable
infinité de mystères réside dans la loi que tu as disposée,
par tous ses points et ses lettres, si les plus grands secrets
et arcanes terrestres peuvent, par la multiple révélation
de ce point unique, placé et examiné par moi (et
dans ta lumière) être expliqués et démontrés très fidèlement!
De ce point qui n'est, certes, nullement superflu
dans le ternaire divin, mais de ce point qui, par contre,
considéré dans le règne des quatre éléments, est ténébreux
alors, corruptible et bourbeux. (30) O trois et
quatre fois heureux ceux qui peuvent atteindre ce point
(presque copulatif) du ternaire, et rejeter et éloigner
celui, sombre et superflu, du quaternaire ou du Principe
des ténèbres. Ainsi nous parviendrons aux ornements
des vêtements blancs, éclatants comme la
neige, ô Maximilien! que Dieu (par cette mystagogie)
rende enfin le plus puissant de tous (ou quelque
autre de la maison d'Autriche, tandis que moi, je
me reposerai dans le Christ), afin de faire régner l'honneur
de son nom redoutable dans ces ténèbres abominables
et même intolérables (du point superflu sur la
terre). Mais de peur que, moi-même, je me répande en
paroles superflues (c'est-à-dire qui ne sont pas à leur
place), je vais rentrer maintenant, tout de suite, dans
les bornes de mon propos. Et puisque j'ai déjà terminé
mon discours pour ceux qui placent leurs yeux dans
leur cœur, il faut maintenant transformer ma parole
pour ceux qui, au contraire, placent leur cœur dans
leurs yeux (31). Voici donc une figure de la croix qui
peut, en quelque sorte, représenter ce que nous en
avons dit ici. D'abord en deux lignes égales (également
et inégalement croisées), par
le point nécessaire, comme on le
voit en A;
|
(29) Le point étant sans longueur et sans épaisseur peut ainsi
être enlevé du centre des quatre 1ignes de la croix sans que
ces lignes perdent la moindre partie de leur substance; elles se
trouvent seulement séparées et forment le quaternaire parfait. (G de G.)
(30) Ce n'est pas sans raison que Jean Dee a assigné au point
central une importance suprême dès son deuxième théorèeme;
en faisant dériver de lui toute la construction de sa monade
hiéroglyphique, il a manifesté une connaissance profonde des
théories kabbalfstiques les plus élevées. On sait que la mystérieuse
lettre hébraïque Iod était figurée originairement par
un point et symbolisait le principe sacré de la génération universelle.
Le dérivé phénicien de cette lettre, le iola des Grecs,
avail gardé la même signification; et cerlaine épigramme peu
décente du poète Ausone faisait usage de ce symbolisme:
Ubi locari Iota convenit longum
(Epigr. CXX ad Liguritorem).
Voir notre précédente note théorème Ier. (G. de G.)
(31) C'est-à-dire ceux qui voient par la vue intéerieure de l'esprit
et ceux qui ne voient que par la vue extérieure des sens:
la démonstration. (G. de G.)
|
ensuite en quatre lignes
droites distinctes comme en B
(comme par une sorte de vacuité
produite par le point retranché)
séparées du point qui, avant, leur
était commun, sans qu'il leur
soit causé pour cela aucun préjudice. Ceci est la
voie par laquelle notre Monade, progressant par le
binaire et le TERNAIRE dans le QUATERNAIRE purifié,
est restituée à elle-même, unie par le proportion de
l'égalité (et que maintenant le tout est égal à toutes
ses parties). Et tandis que ceci a lieu, notre monade
n'admet cependant rien des unités ni des nombres
externes, puisqu'elle se suffit très exactement à elle-même,
absolutissime en tous ses nombres, dans l'amplitude
desquels elle est diffusée, tant par des modes
magiques que par un procédé peu vulgaire de l'artisan
ensuite; et pour le plus grand avantage (en
dignité et en puissance) de cette monade elle-même,
elle est restituée à sa propre matière première,
cependant que tout ce qui ne se rapporte pas à sa proportion
naturelle et héréditaire est retranché avec
le plus grand soin et diligence, et rejeté pour toujours
parmi les impuretés.
THÉORÈME XXI
Si ce qui était caché intérieurement dans les profondeurs
de notre Monade était mis au jour, et que,
par contre, les parties premières, et comme extérieures
de cette monade fussent enfermées au centre,
vous avez vu plus haut quelle transformation philosophique
de la Monade se produirait alors. Nous
vous exposerons donc maintenant une autre commutation
locale de la Monade mystique, par ces parties
d'où nos caractères hiéroglyphiques des planètes supérieures
se sont d'abord offertes à nous. Chacune des
autres planètes, étant, pour cette raison, retournée en
haut, chacune à son tour, et recevant cette position
que nous voyons souvent leur être assignée par Platon,
si donc elles sont prises convenablement dans
cette position, dans cette pointe du Bêlier se rassemblent
Saturne, Jupiter. Mais, en descendant,
la croix représente Vénus et Mercure;
s'ensuivent enfin le Soleil ui-même,
et en bas la Lune. Mais ceci sera discuté
dans un autre endroit; cependant, comme
je n'ai pas voulu cacher ces trésors philosophiques
de notre Monade, nous avons
pris la résolution de donner une raison
pour laquelle la situation de la Monade
est ainsi déplacée. Mais voyez et écoutez
es autres secrets plus grands encore que je sais exister
pour votre utilité, touchant cette situation, et que
j'expliquerai en peu de mots, Nous distribuons donc la
Monade (placée de cette nouvelle manière) dans les
membres anatomiques B, D, C, où dans ce nouveau
Ternaire les figures C et D sont connues même des
paysans. Mais la troisième figure qui est désignée
par B, n'est pas si facile à connaître de tous. Et
il faut considérer très attentivement que ces formes
connues, D et C, se montrent comme des essences
séparées et distinctes de cette figure B; et deuxièmement,
que nous voyons les comes de la figure C,
tournées en bas comme vers la terre; et que cette
partie de D qui illumine ce même C est tournée également
vers la terre, c'est-à-dire en bas, dans le centre
duquel seul est visible le point vraiment terrestre; et
qu'enfin ces deux figures D et C, tournées vers les parties
inférieures, forment, mieux que B, son indice hiéroglyphique
(de la Terre). Donc la terre peut nous représenter
hiéroglyphiquement la stabilité et la fixation.
Je laisse donc à conclure de là ce que sont C et D.
D'où l'on peut noter maintenant un grand secret:
savoi : comment toutes les choses que nous avons
dites en premier lieu du Soleil et de la Lune peuvent
recevoir ici une interprétation plus parfaite et tout
à fait nécessaire, ces deux astres ayant été jusqu'alors
placés à la partie supérieure, et les cornes lunaires
dressées en haut. Mais nous avons assez parlé sur ce
sujet.
|
Nous examinerons donc maintenant selon les
fondements de notre art hiéroglyphique, la nature de
cette troisième figure (B). Premièrement, nous la
voyons porter au sommet un double croissant de la
Lune, ce qui est notre Bélier (mais retourné mystiquement).
Ensuite le signe hiéroglyphique des Eléments
lui est annexé. Quant à ce qui a trait à la Lune
redoublée, ceci peut s'expliquer (selon la matière
proposée): un double degré (gradus) de la Lune.
Parlons donc de ces grades que les Physiciens expérimentés
ne peuvent trouver qu'au nombre de quatre
entre toutes les substances créées; savoir: être,
vivre, sentir et comprendre (esse, vivere, sentire et
intelligere). Et remarquant que les deux premiers de
ces grades se trouvent ici, nous dirons ainsi: la Lune
existante et vivante. Certains déterminent toute vie
par le mouvement; or, il y a six espèces principales
de mouvement. Et la Croix qui est ajoutée indique
que l'artifice des Eléments est requis ici. En outre,
puisque nous avons rapporté très souvent dans nos
théories que l'hiéroglyphe de la Lune est comme un
demi-cercle, par contre, le cercle entier signifie le
Soleil. Or, ici, nous avons deux demi-cercles, mais
séparés (réunis cependant au point commun) et qui,
s'ils sont conjugués (comme ils le peuvent être par
un certain art), peuvent nous représenter la plénitude
circulaire du Soleil. De toutes ces choses considérées
ensemble, il ressort que nous pouvons ici, sommairement
et hiéroglyphiquement, proférer la sentence
suivante: La Lune existante et vivante qui doit être
traitée (tractanda) par le magistère des Eléments
possédant la puissance de représenter la plénitude
solaire par ses deux demi-cercles réunis ensemble par
un art secret (32).
|
(32) C'est, au point de vue hermétiquer la relation, comme l'enseigne
le Zohar (Ha hidra zuta Qadisha, XXI, 729) de la Petite
Sapience ou Femme divine; avec la grande Sapience qui est le
Christ. (G. de G.)
|
Que ce cercle (dont nous avons parlé)
que nous désignons dans la figure par la lettre E,
soit donc achevé et formé. Rappelons-nous donc
d'abord que ce degré solaire ne nous a pas été présenté
par la nature; mais qu'il est artificiel et factice, et
qu'il s'est d'abord offert à nous dans son aspect premier
et suivant sa nature propre (comme en B) en
deux parties séparées et dissoutes, et non solidement
réunies sous la forme solaire. Enfin le semi-diamètre de
ces demi-cercles n'est pas égal au semi-diamètre de
D et C (tels que nous les avons formés et comme
chacun peut le voir), mais beaucoup plus petit. D'où
il est clair que ce même B n'est pas d'une amplitude
si grande que le sont D et C. Et E lui-même nous le
confirme très bien, s'étant, par ce moyen, transformé
en cercle, de B en la figure E. Alors donc surgit à nos
yeux le caractère seul de Vénus. Nous avons déjà
démontré par ces syllogismes hiéroglyphiques que de
B nous ne pouvons pas obtenir le vrai D, et que la
vraie C n'a pu non plus être complètement dans la
nature de B; d'ou celui-ci n'a pu être la vraie lune
vivante. Tu peux donc déjà douter au sujet de cette
vie et de ce mouvement, s'ils les possèdent véritablement
et naturellement; cependant, comme nous
l'avons déjà expliqué aux sages, toutes les choses qui
sont dites (sur B) d'une semblable manière, seront
au moins analogiques; et tout ce que nous avons
brièvement enseigné touchant C et D convient très
bien, mais analogiquement, à ce même B, accompagné
de ses éléments. Et même ce que nous ajoutons sur la
nature du Bélier doit exacten'lent convenir a celui-ci;
puisqu'il porte (B) cette figure (bien que renversée)
à son sommet, et qu'elle est ajoutée à ce même B qui
est la figure mystique des Eléments.
|
Puisque nous voyons par cette Anatomie que, du
corps unique de notre Monade (ainsi séparé par notre
art), ce nouveau ternaire se trouve formé, nous ne
pouvons douter, pour cette raison, que les membres
qui le composent ne renferment et admettent entre
eux, et comme de leur plein gré, une sympathie et une
union monadique très absolue. Ainsi, dans ces
membres se trouve une force magnétique active.
Enfin j'ai trouvé bon de faire remarquer ici (par
manière de récréation) que ce même B nous présente
très clairement autant de lettres rustiques et informes
qu'il porte de points visibles en haut, au sommet
et comme à son front, et ces lettres sont
ainsi:
au nombre de trois, ou autrement au nombre de six
(ou sommairement trois fois trois), et qui sont très
grossières et informes, peu stables et inconstantes,
faites de telle sorte qu'elles semblent formées d'un
ou plusieurs demi-cercles. Mais le moyen de former
ces lettres d'une façon plus stable et plus ferme est
dans les mains des littérateurs experts. J'ai eu ici
devant les yeux une infinité de mystères; mais j'ai
voulu, par ce jeu, interrompre cette théorie. Je ne
comprends cependant pas les efforts de certains qui
s'élèvent contre moi, bien que (notre Monade étant
restituée en sa première situation mystique et chacun
de ses membres étant ordonné avec art) je les avertisse
et les exhorte au moins une fois de retrouver
avec soin maintenant quel fut ce Feu du Bélier
(Ignis Aretinus) de la Triplicité première. Qu'est-ce
que notre feu æquinoxial? Qui fut cause que le
Soleil pouvait être exalté au-dessus de son grade
vulgaire? Et beaucoup d'autres choses plus excellentes
qui devront être étudiées par d'heureuses et
sapientissimes méditations. Mais, nous hâtant maintenant
de passer à autre chose, nous avons voulu
uniquement indiquer du doigt, non seulement amicalement,
mais très fidèlement, le chemin qui conduit à
d'autres secrets (sur lesquels il convient d'insister)
en passant cependant sous silence (comme nous l'avons
dit) une infinité remarquable d'autres mystères.
THÉORÈME XXII
|
On comprendra facilement que les mystères de
notre monade ne soient pas encore épuisés, si j'offre
ici à contempler à votre Sérénité Royale les vases
de l'Art Sacré (ceux-ci vraiment et complètement
kabbalistiques), habilement tirés de l'officine de cette
même Monade et qui ne doivent être révélés qu'aux
seuls initiés. Donc, tous les liens qui réunissaient les
diverses parties de notre Monade étant savamment
rompus, nous donnerons à chacune d'elles (pour les
distinguer) une lettre spéciale, comme on le voit ci-contre.
|
Nous avertirons donc qu'en a se trouve un
certain vase artificiel,
formé de A et de B, avec
(et en extériorisant ainsi
le diamètre qui est commun
(33) à l'un et à
autre) la ligne M, et qui
n'est différent, comme
on le voit, de cette première
lettre de l'alphabet
grec, que par une
seule transposition locale
des parties (34). Car
nous enseignons les premiers
par la droite, le
cercle et le demi-cercle,
la véritable symétrie mystique de celle-ci (quoique nous
ayons averti précédemment que cette symétric povait
être formée seulement du cercle et du demi-cercle,
ce qui aboutit néanmoins au même propos mystique).
Ensuite l, et d
sout tout d'abord comme les images des autres vases (savoir:
l celui de verre et d
celui de terre). Mais en second lieu l et
d peuvent nous rappeler
quelque chose du Pilon et du Mortier qui doivent être
préparés (vraiment) d'une telle matière, que
nous puissions broyer avec eux, en poudres subtilissimes,
les perles artificielles non perforées, les lamelles
de cristal et de béryl, les chrysolithes, puis les
rubis précieux, les escarboucles et aut res rarissimes
pierres artificielles. Enfin ce que l'on voit indiqué
par la lettre w est un petit vase rempli de Mystères (35)
et qui ne s'éloigne de cette dernière lettre de l'Alphabet
grec (restituée maintenant à sa primitive
mystagogie) que par une seule transposition apparente
des parties, celle-ci consistant également en deux
demi-cercles. Quant aux figures vulgaires et nécessaires
ensuite de ces vases, et la matière (de laquelle
ils doivent être faits) il n'est pas utile que nous en
traitions ici. Cependant a devra être considéré
comme cherchant l'occasion d'exercer son office par un très
secret et rapide artifice de respiration (spiraculum),
et le sel incorruptible par lequel se conserve le
principe premier des choses, au bien ce qui surnage
dans le vitriol après la dissolution (36) offrira aux
débutants un spécimen primordial et très bref de
notre œuvre; en attendant qu'une voie plus subtile
et plus habile de préparer cet œuvre vienne se révéler
à eux. Mais dans l, le vase de verre (dans l'exercice
de sa fonction particulière), tout air, ou vent extérieur
apportera un grand dommage.
|
(33) Voir le théorème suivant, pour cette mesure. (G. de G.)
(34) En effet, le vase alchimique dont parle Jean Dee, et qui est
le vaisseau de sublimation, doit être présenté sous la forme
suivante: ; il ne differe de l'alpha que par une
inclinaison différente et le renversement du demi-cercle: a (G. de G.)
(35) Se rappeler que ce qui est en hant est comme ee qui est
en bas, et que l'athanor alchimique est semblable au grand
athanor de la nature. En décrivant la forme des vases, Jean
Dee donne en même temps la direction des divers mouvements
dont le Cosmos est animé, la formule géométrique des courbes
que décrivent les astres et de celles des vibrations des particules
infinitésimales de la matière et il livre ainsi la clef de l'évolution
des êtes. C'est de la cinématique hyperphysique et
transcendentale. L'importance que l'auteur a donnée au vase
alchimique en forme d'Oméga nous incite à croire qu'il a eu
connaissance d'un traité grec de Zozime qui, au chapitre XLIX,
contient des Hypomnèmes sur la lettre Omega; cette lettre, dit-il,
représente tous les organes pour la préparation de l'eau
divine et tous les fours mécaniques. (G. de G.)
(36) Jean Dee a voilé ici le secret du grand œuvre clans une
assez mauvaise phrase hébraïque qui, mèlée d'anagrammes
latins, successivement dénaturée par les imprimeurs et transcrite
incorrectement, est devenue à peu près illisible. Nous avons indiqué
le sens littéral, fort douteux, qu'on peut lui attribuer. (G. de G.)
|
Corollaire. w est l'homme agréable à voir paraître
en tout temps (omnium horarum homo). Qui donc
déjà ne peut pressentir les fruits suavissimes et très
salutaires de la science sacrée, qui naissent (dis-je),
du mystére de ces deux lettres seulement? Quelques-uns
desquels nous tirerons (de notre jardin des Hespérides)
et nous ferons voir d'un peu plus près comme
dans un miroir; et l'on constatera qu'ils ne sont
formés d'autre chose que de notre Monade. Car la
ligne droite , qui apparait dans Alpha est homologue
de celle qui, dans cette séparation de l'anatomie
finale de notre Croix, est déjà déesignée par la lettre
M. On peut découvrir ainsi d'où proviennent les autres.
(Voir le tableau schématique ci-contre.)
|
a | Etre existant avant les éléments
| Adam mortel mâle et femelle
| Se mortifiant
| Enveloppé d'ombre
| Né dans l'étable
| +
| Économie élémentaire
| Consommation de la généalogie élémentaire
| Croix | Croix | Offert en Holocauste sur la Croix
| w
| Etre existant après les éléments
| ADAM IMMORTEL | Se revivifiant
| Wntièrement manifesté
| Roi des Rois en tous lieux
|
Conçu par son influence propre
| Semence de puissance
| Création de la Matiè
| Mariage terrestre | Principe
| a
| Suppliciè et enseveli
| äåäé Vertu dénaire
| Dépuration élémentale
| Martyre de la Croix | Milieu
| +
| Ressuscitant par sa vertu propre
| Triomphe de la gloire
| Transfor- mation | Mariage divin | Fin
| w
|
Par ces quelques paroles, je sais que je donne non
seulement des principes, mais des demonstrations à
ceux au dedans desquels vit et se fortifie la vigueur
ignée et l'origine céleste, afin qu'ils prêtent désormais
l'oreille au grand Démocrite facilement: c'est un
dogme non mythique, mais mystique et secret,
selon lui, que le remède de l'âme et libérateur de
toute souffrance a été préparé à ceux qui veulent
(boulomenoiz), et, comme il l'a enseigné, qu'il est
recherché à la voix du Créateur de l'Univers, afin que
l'homme inspiré de Dieu et engendré divinement
apprenne au moyen de la disquisition parfaite et des
langages mystiques.
THÉORÈME XXIII
Nous présenterons maintenant ici, soigneusement
figurées, les symétries déjà observées par nous dans la
construction hiéroglyphique de notre monade, et
qui devront être observées par ceux auxquels il sera
agréable de les tracer sur des sceaux ou des anneaux,
ou de les utiliser de quelque autre manière, Au nom
de Jésus-Christ, cloué sur la croix, dont l'esprit écrit
rapidement ces choses par moi (qui ne suis, je l'espère
et le crois, que le calame qui trace les caractères),
nous tirerons maintenant de notre croix des Eléments,
toutes les mesures susdites. Et même par la raison
(selon la matière de l'argument proposé) que tout ce
qui, sous le ciel de la Lune, contient le principe de sa
génération du bien est formé de l'agglomération
des quatre éléments, ou bien est l'Essence élémentaire
elle-même, et ceci de diverses manières non connues
du vulgaire; et parce que, dans nulle chose créée, les
éléments ne sont en proportion ou en force égale,
et que, cependant, par le moyen de l'art, ils peuvent
être ramenés à l'égalité en certaines choses (comme
les Sapients le savent), dans notre croix, nous constituons
des parties égales et non égales, ce que, pour
une autre raison, nous pouvons nommer similitude
ou diversité ou unité et pluralité, en admettant en
secret la propriété (comme nous en avons averti plus
haut) de la Croix Æquilatère. Mais si nous exposions
chacune des raisons (que nous connaissons) des symétries
ainsi établies, ou bien que nous en démontrions
les causes d'une autre manière que nous ne l'avons fait,
et assez abondamment (pour les Sapients) en tout cet
opuscule, nons franchirions les limites que nous avons,
non sans raison, prescrites à
notre discours.
Un point quelconque étant donné dans un plan, comme
A, par exemple, on fait passer par ce point et au delà de
lui dans les deux sens, une droite assez longue, CAR; et
sur la ligne CK on élève une
perpendiculaire s'étendant
dans l'un et l'autre sens, suffisamment
loin (à l'infini, comme
ont coutume de dire les géomètres,
et avec raison, tournant
ainsi la difficulté), que l'on
admettra être DAE. Puis, en
AR, on prend un point où
l'on voudra, soit B, et l'on
obtiendra une première distance
AB (qui sera comme
la commune mesure de notre
œuvre). On prend le triple de
celle-ci, et on le porte de
A vers C, soit AC; puis on porte deux fois la distance
AB en AE, puis en AD, de telle sorte que
toute la distance DE soit le quadruple de AB;
alors nous avons formé notre Croix élémentale, c'est-à-dire
par le quaternaire des lignes AB, AC, AD et
AE. Maintenant, sur la ligne BK on porte une distance
égale à AD et l'on obtient BI. Du point I
comme centre, et avec IB comme rayon, l'on décrit
un cercle BR, qui coupe la droite AK au point R;
et du point R vers K, on porte sur la droite une
longueur égale à AB, soit RK, et du point K on tire
une ligne droite, de suffisante longueur, formant un
angle droit de chaque côté de la droite AK, et qui
sera PFK. De ce même point K, prenons dans la
direction F une distance égale à AD, soit KF, et par
le point K comme centre, et avec KF comme rayon,
on décrit un demi-cercle FLP, de telle sorte que FKP
en soit le diamètre. Enfin au point C, on élève sur
cette même ligne AC une perpendiculaire suffisamment
étendue dans les deux sens, soit OCQ; ensuite,
sur la ligne CO, nous portons du point C la distance
AB, soit CM, et de M comme centre avec MC comme
rayon, nous décrivons un demi-cercle CHO, dont le
diamètre est CMO. Et de même, sur CQ, du point C,
nous portons encore une distance égale à AB, soit
CN; et du centre N, avec NC comme rayon, nous
traçons le demi-cercle CGQ, dont CNQ est le diamètre.
Nous affirmons, dès lors, que toutes les symétries
demandées se trouvent expliquées et décrites
dans notre Monade.
|
Il est bon d'avertir ici celui qui connaît les lois de
la mécanique, que toute la ligne CK est composée
de neuf parties, dont l'une est notre fondamentale,
ce qui, par une autre voie, peut contribuer à porter
notre œuvre à la perfection; ensuite que tous les diamètres
et semi-diamètres doivent être désignés ici par
des lignes supposées (obscurae) (comme disent les
géomètres); qu'il ne faut laisser aucun centre visible,
excepté le centre solaire qui est ici marqué par la
lettre I, et qu'il n'y faut ajouter aucune lettre; cependant
l'adepte de la Mécanique peut ajouter, en
guise d'ornement, à la périphérie solaire (en vertu
d'une certaine nécessité mystique qui; pour cette
raison n'a pas encore été considérée par nous) une
surface latérale annulaire (circonscrite par une ligne
parallèle à la première). La distance de ces parallèles
peut être fixée au quart ou au cinquième environ de
la distance AB. Il peut aussi donner à la périphérie
lunaire la forme sous laquelle cette planète apparaît
dans le ciel aussitôt après sa conjonction avec le
soleil, c'est-à-dire sous la forme corniculée,
ce qu'il obtiendra si, du point K, dans la direction de R, il porte
cette distance (dont nous venons de parler) du quart ou du cinquième
de la ligne AB, et si, du point ainsi obtenu, comme centre, il trace avec
le même rayon lunaire la seconde partie de la périphérie
qui viendra aboutir, par un contact extrêmement ténu, aux deux
extrémités du premier demi-cercle. La même
opération peut être également répétée
aux points M et N, en élevant des perpendiculaires par chacun de ces
points, sur lesquelles on portera la sixième partie de AB ou un peu
moins; d'où, comme centre, ou décrira extérieurement
avec les deux premiers rayons MC et NC deux autres demi-cercles.
|
Enfin des parallèles peuvent être tracées de chaque
côté des deux lignes de notre croix, distantes chacune des
lignes du milieu de la huitième ou de la dixième partie
de AB, de telle sorte que notre croix soit, de cette manière,
formée comme par quatre superficies linéaires dont la
largeur est la quatrième ou la cinquième partie de cette
même droite AB.
J'ai voulu, en quelque sorte, esquisser dans la
figure ci-contre ces ornements que chacun peut reproduire à
sa fantaisie : à la condition cependant qu'aucune faute (même
minime), contre nos symétries mystiques, n'y soit insérée,
de peur que par cette négligence, la discipline nouvelle de ces
commensurations hiéroglyphiques (et extrêmement
nécessaires) ne soit, dans la suite progressive des temps,
détruite ou perturbée, et beaucoup plus profondément
que nous n'avons pu ou voulu l'indiquer en ce petit livre ; comme
l'enseignera la Vérité, fille du Temps (avec le
consentement de Dieu). Mais nous exposerons maintenant méthodiquement
certaines choses que pourra rencontrer sur son chemin celui qui s'exercera
dans ces symétries de notre Monade. Nous montrerons par plusieurs
exemples l'existence de quatre lignes disposées selon le quaternaire
des lignes de notre Croix et que l'on ne peut, en considération de
celui-ci, énoncer simplement, puis leur proportion et raison
particulière et mystique qu'elles prennent d'une autre
manière du quaternaire de ces mêmes lignes ; et
troisièmement, nous montrerons qu'il existe dans la Nature
certaines fonctions utiles et déterminées par Dieu,
au moyen des nombres que nous avons soigneusement tirés, soit
de ce théorème, soit des autres qui sont contenus dans
ce petit livre. Enfin d'autres choses que nous insérerons en
lieu opportun, et qui, si elles sont convenablement comprises,
porteront des fruits très abondants, ce par quoi nous
terminerons très brièvement.
DU QUATERNAIRE PYTHAGORIQUE
|
- Toute la transposition (métathèse) possible, est 24.
- La somme pythagoriqueest 10.
- L'addition des parties, de
quelque manière que ce
soit, donne 30.
|
Autant qu'il existe de nombres écrits dans l'ordre naturel,
depuis la Monade première, si, du premier au dernier, ou fait
une multiplication continue, c'est-à-dire du premier par le
second: du produit de ces deux par le troisième, et de ce
produit par le quatrième, et ainsi de suite jusqu'à
la fin, le produit final détermine toute la
métathèse possible, en autant de lieux et, par la
même raison, en autant de choses diverses que l'on voudra.
Je te confie donc (ô Roi), cette opération qui te
sera très utile en plusieurs circonstances, tant dans
l'étude de la nature, que dans les autres affaires du
gouvernement des hommes, et que j'ai coutume d'utiliser avec
le plus grand plaisir ans le Tziruph (ou Themura) des
Hébreux.
DU QUATERNAIRE ARTIFICIEL
|
- La multiplicatiuon continue donne 12.
- L'addition simple donne 8 = 1 + 7 (=4+3)
- La Somme de l'addition des parties de
toutes les manières possibles donne 24.
ce qui est égal
à toute la métathèse possible
du quaternaire
et qui détermine la pureté
physique et la souveraine excellence de l'or
à 24 karats, lorsqu'il est considéeé
dans son existence propre sur la Terre.
|
Je n'ignore pas, en vérité, que plusieurs autres nombres puissent être produits du Quaternaire, par la Vertu Arithmétique et la Puissance formelle.
Mais celui qui ne comprendra pas qu'une très grande obscurité se trouve ainsi illuminée par ceux que j'ai arrachés à la nature, et distingués parmi leur si grande multitude, pourra estimer son entendement obtus et non aigu. Combien donc réside d'autorité en nos
nombres (comme nous l'avons promis), dans la pondération
des Eléments, dans les définitions des mesures
des temps, dans la certitude des grades qu'on
peut assigner à la puissance et à la force des choses,
c'est ce qu'il faut examiner dans les schémas suivants.
Des précédents schémas, plusieurs choses peuvent
être déduites, qu'il est préférable d'etudier
et d'approfondir silencieusement plutôt
que de divulguer ouvertement par des
paroles. Cependant, nous avertirons d'une
seule chose parmi tant d'autres (divulgée
pour la première fois par nous, ainsi que
tout cet art nouveau), à savoir, que nous
avons établi ici la cause rationnelle en
vertu de laguelle le Quaternaire ou le
Dénaire terminent d'une certaine manière
les séries numérales; et nous affirmons que cette
cause n'est pas exactement telle que l'ont décrite
les Maîtres qui nous ont précédés, mais telle que
nous l!avons rapportée ici.
Puisque cette Monade a été intégralement et physiquement
restituée à elle-même (c'est-à-dire qu'elle
est vraiment la Monade Unitissime, l'Unité éprouvée
des Images); il n'est au pouvoir ni de la Nature, ni
d'aucun art, d'exciter celle-ci à un mouvement ou
à une progression quelconque, autrement que par
quatre révolutions supercélestes (et de là est engendré
celui que nous avons voulu noter
ainsi à cause de son éminence); et c'est
pour cette raison qu'il n'est, dans le
monde élémental, céleste ou supercéleste,
aucune puissance créée, influentiale,
dont elle n'ait pas été absolument douée
et enrichie. C'est l'effet véritable de
celle-ci que quatre hommes illustres et
amis de la Philosophie ont atteint ensemble
(autrefois) dans leur œuvre; et étonnés,
un jour, d'un si grand miracle de cette chose, se
consacrèrent des le lendemain tout entiers à chanter
et à prêcher les louanges de Dieu, le Très Haut, de
ce qu'il leur avait prodigué tant de Sapience et un
pouvoir et un empire si grand sur les autres créatures.
THÉORÈME XXIV
De même que nous avons commencé l'exorde de
ce petit livre par le Point, la Droite et le Cercle, et
que nous avons circonduit de notre point monadique
l'extrême effluxion linéaire de nos éléments
en un cercle presque analogue à l'Æquinoxial, qui
achève sa circuition en 24 heures, de même maintenant
enfin nous consommerons et terminerons la
métamorphose et la métathèse de toutes les manières
possibles du Quaternaire (définie par le nombre 24),
par notre présent vingt-quatrième théorème, à
l'honneur et la gloire de Celui qui (au témoignage de Jean
l'Archipræsul des Mystères divins, dans la quatrième
et dernière partie du quatrième chapitre de l'Apocalypse),
siège sur un Thrône, autour et devant lequel
les quatre Animaux (ayant chacun six ailes), disent
Nuit et Jour, sans repos: Saint, Saint, Saint est le
Seigneur Dieu Omnipotent, qui Etait et qui Est,
et qui Viendra (venturus est) le même que les 24
vieillards dans les 24 cathèdres placées dans le cercle,
adorent, prosternés (ayant jeté leurs couronnes d'Or
à terre), aisant: Digne es-tu, Seigneur, de recevoir
Gloire, Honneur et Vertu, parce que tu as crée toutes,
choses, et à cause de ta volonté, elles sont et ont été
créees Amen,
dit
la quatrième lettre
D
|
Celui à qui Dieu a donné la volonté et l'habileté (37)
de connaître ainsi ce mystère divin par les monuments
éternels des lettres, et de terminer placidissimement,
le 25 janvier, ses travaux commences le
13 du même mois.
|
(37) C'est Jean Dee lui-même qui so désigne ici par l'initiale
grecque de son nom: Delta, D et qui répond Amen, en
écho au souhait, plus haut manifesté par les puissances célestes. Il
s'attribue toujours lui-même cette lettre D, dans
le dialogue de son
curieux ouvrage: A true and faithful relation, où il a
rapporté se conversations avec les esprits. (G. de G.)
|
En l'an 1564, à Anvers:
Ici l'Œil vulgaire ne verra qu'obscurité et désespérera
considérablement.
|